Des sables mouvants
Batailles choisies #158
Pas le temps de lire tout de suite?
En deux mots:
J’ai peur: avoir eu autant de sentiments négatifs pour mon deuxième va-t-il affecter notre relation future? Il paraît que les enfants sentent tout. Sait-il alors que, trop souvent, je n’en peux plus de lui?
Ce soir, je suis épuisée. Je ne peux plus sentir mon deuxième, que j’ai eu sur le dos toute la journée déjà, et qui là, maintenant, me réclame, encore et toujours.
Toute la journée, des Mamaaan, Mamaaan, des mains tendues qui me réclament les bras, des chouineries, des idées fixes d’enfant de deux ans. Et là, de gros pleurs, des sanglots bruyants parce que pendant le dîner, non, on ne tape pas sur la table avec son marteau. Et il faut encore que j’aille puiser de la patience, l’asseoir sur mes genoux pour le calmer et qu’il mange un peu.
C’est une soirée comme une autre avec un enfant de cet âge, somme toute.
Mais nous aurons été confinés, sans solution de garde, alors que je télétravaille et suis enceinte, pendant quasiment toute une année. Je me suis occupée de Petit tous les jours, des heures entières, ai été réveillée toutes les nuits.
Oui, plus les mois passent, plus il est facile, ou du moins, gérable. Mais il y a des soirs, des soirs comme aujourd’hui, où je sens à quel point il m’a épuisée, éreintée, laissée pleine de ressentiment et de désamour.
Est-ce qu’il le sent? Est-ce que je construis une relation avec lui sur des sables mouvants, sur des sentiments souvent contraires? Est-ce que ça se rattrape, une année de confinement à souffrir plus ou moins, mais quotidiennement quand même, de sa présence?
J’ai soudain peur que le socle de notre existence commune soit fragile.
Peur d’être une de ces mères qui préfèrent clairement un de ses enfants aux dépens des autres. Ou dont l’un des enfants a été étiqueté “infernal” et ne peut se libérer de cette étiquette, entraînant incompréhension et distance toute une vie durant.
Ou c’est juste une soirée pénible. Demain, ça ira mieux.