Le quatrième
Batailles choisies #284
Mon mari et moi regardons nos trois bambins jouer tranquillement. Nous les regardons avec émerveillement, avec tendresse, et nous prenons une grande décision. 🔚
État de grâce.
Il est huit heures du matin. Les enfants ont fini leur petit-déjeuner. Ils jouent et s’occupent tranquillement. Dernier gazouille sur son tapis d’éveil, cherchant à attraper un petit robot bleu; Milieu est suprêmement concentré sur ses constructions magnétiques; Grand feuillette une B.D sur le canapé.
Dehors, une journée d’hiver splendide nous attend, ciel bleu, soleil radieux.
État de grâce.
J’imagine notre avenir, le leur. Je nous imagine dans quatre ans, à crapahuter dans la pré-cordillère environnante. Dans dix ans, quand je pourrai dire à la table de la cantine que je n’ai plus d’enfants petits, je les imagine sortir à vélo, passer des soirées chez leurs copains. Et dans vingt ans? Quels jeunes hommes seront-ils?
État de grâce.
Mon mari et moi nous attardons avec nos cafés. Nos visages creusés par la fatigue, on se regarde avec tendresse. J’ai l’impression que les choses reviennent doucement à la normale, qu’on va enfin retrouver notre complicité, que les derniers mois ont distendue, la fatigue, l’anxiété ambiante, les enfants qui nous ont poussés jusqu’à l’exténuation. Depuis qu’on est rentrés à la maison, qu’on a repris notre rythme, les tensions sont retombées.
En sirotant nos cafés tiédis, on observe nos bambins, on échange des regards pleins de douceur et d’amusement partagé. Et puis, avec un sourire, avec des éclats de joie dans les yeux, je dis:
-On est d’accord, hein?
-Oui. C’est fini.
-On s’arrête à trois. Ce soir, je mets une annonce, on revend toutes les affaires de bébé.
-Demain, je me renseigne pour la vasectomie
En soulevant nos cafés, nos yeux fatigués plongés dans nos yeux fatigués, on trinque, grand sourire aux lèvres, à notre pacte familial.