J'ai croqué dans la pomme

 

batailles choisies #3

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(chronique du Livre Le Regret d’être mère, d’Orna Donath)
En deux mots: les mères qui regrettent d’avoir eu des enfants existent. Qu’ont-elles à dire?

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Ceci n’est pas une histoire d’adultère.

Mais c’est un peu de la même manière que ça commence.


Rappelons-nous deux scandales d’il y a quelques années autour de l’adultère.

Le premier : des affiches du métro parisien montraient une belle pomme rouge croquée avec gourmandise. C’était une pub pour un site de rencontres extraconjugales. Comment pouvait-on, s’était-on indigné alors, appeler si publiquement à la faute, conjugale autant que morale ?

« Les hommes payaient pour un fantasme »

Et puis, le deuxième scandale, quelques années plus tard, le piratage des données d’utilisateurs d’Ashley Madison, site de rencontres adultérines là-aussi. On avait appris suite à ce piratage que l’immense majorité des vrais profils étaient des hommes : seules 2400 femmes avaient utilisé leur messagerie privée, contre 11 millions de profils masculins. Qu’en réalité donc, les hommes qui s’inscrivaient payaient pour un fantasme. Qu’en réalité, donc, s’inscrire sur ces sites était une façon de lorgner sur une belle pomme rouge dans laquelle on ne croquera jamais.



C’est un peu comme ça, comme un secret inavouable, que j’ai vécu l’achat et la lecture du Regret d’être mère, livre de la chercheuse Orna Donath, chez Odile Jacob. Je n’ai jamais dit au père de mes enfants que je lisais ce livre. Je l’ai acheté en version ebook, ce qui m’a permis d’en cacher la couverture et d’éviter les questions auxquelles je n’avais pas envie de répondre. Je n’ai parlé de cette lecture qu’à mes très proches.

« J’ai agi comme si c’était une faute, conjugale, morale, sociétale. »

En somme, j’ai agi comme si l’acheter et le lire était honteux, comme si, là aussi, c’était une faute, conjugale, morale, sociétale.

J’ai eu l’impression de payer moi aussi pour un fantasme (celui de faire mes clics et mes clacs et de planter mes rejetons), de croquer dans cette belle pomme brillante, de me rendre coupable d’un adultère envers mes enfants en osant explorer les pensées qui disent, certains soirs plus que d’autres, “je regrette d’avoir eu mes enfants”.



En fait, la lecture du Regret d’être mère a été passionnante. C’est un livre clair, lucide, sans aucun voyeurisme. Le propos est porté par une curiosité intellectuelle qui dit l’évidence : il existe forcément des femmes qui regrettent d’être mères. Alors qui sont-elles ? Que disent-elles, d’elles-mêmes, de leurs enfants, de notre société ?



En vivant un peu, par procuration, dans la tête de ces femmes, j’ai pu mieux me comprendre, et éclairer sous un autre jour les questions que je me pose depuis que je suis mère. J’ai envie de partager avec vous les réflexions que cette lecture m’a inspirée.

 

(suite au prochain post…)

 
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