Un cadeau d'au revoir
Batailles choisies #222
Mon père est rentré en France. Un petit cadeau d’au revoir pour le meilleur des Papis - attention, contenu non recommandé aux enfants. 🙉
Quelques jours avant la fin de son séjour avec nous, mon père a fait à son petit-fils un bien beau cadeau.
Je dois rappeler que Papi est originaire d’Agen, a un accent du Sud-Ouest et aime le rugby. Il a initié Grand à ce sport en regardant avec lui plusieurs matchs. Papi explique les essais, les transformations, les règles et stratégies, en grignotant des chips ou des fruits. Grand demande surtout c’est quelle couleur la France et où est le but.
Vendredi dernier, donc, la culmination. Tournoi des Six Nations. France-Écosse. C’est important.
La France mène de peu, quelques minutes avant la fin du jeu. Mon père a les yeux rivés sur l’écran. Un silence solennel est tombé sur le salon. On attend tous avec impatience l’exultation de Papi et la joie qu’il va transmettre à l’aîné de ses petits-fils, qui ne comprend pas bien le concept de rugby mais qui comprend parfaitement en revanche celui de victoire.
Le temps réglementaire est terminé. Il suffit que l’arrière, Brice Dulin, fasse un dégagement et c’est bon. Sauf que l’arrière en question ne dégage pas. La suite est rapide: pénalité, essai, victoire de l’Écosse.
La France a perdu.
Papi:
- Mais putaing’, putaing’, j’y crois pas! Mais c’est pas possible! C’est pas possible d’être con comme ça, mais comment il peut être con à ce point! Quelle bande de nazes, de branleurs, non, des cons, des cons finis!
Grand le regarde avec un mélange d’intérêt et d’étonnement.
Papi continue:
- Non, mais c’est pas possible, mais il est con. Il est con, putaing’! Mais putaing’, il lui suffisait de dégager, et c’était bon, et non, ce con, putaing’, qu’est-ce qu’il fait…
J’interromps ici la retranscription des commentaires sportifs pour ne pas salir mon article de blog. Mais sachez, lecteur.rice.s, que Papi est tellement emporté par sa colère qu’il ne remarque même pas que son petit-fils écoute attentivement tous ses jurons, que son grand-père continue de proférer en boucle. Mon père, le regard éberlué, poursuit, pendant une bonne demi-heure, envolé dans son monde de frustration, ravi par sa propre colère, au royaume des insultes du Sud-Ouest.
Fast forward à une partie de Monopoly le lendemain:
Grand:
- Mais putaing’, c’est pas possible d’être aussi con!
Merci Papi.
Allez, reviens-nous bientôt, putaing’!