Ode aux mères confinées
Batailles choisies #221
Aux mères qui ne demandent plus au père de s’occuper des petits, trop de travail, trop de batailles
Aux mères qui ne demandent plus au père de s’occuper des petits, trop de travail, trop de batailles
Aux mères qui ne crient plus leur détresse aux amis pour éviter les réponses de mépris
Aux mères qui ne peuvent plus travailler parce que leurs chef.fes disent que quand on veut on peut
Aux mères qui se couchent à 2 heures du matin, dossier en main, malgré le certain réveil inhumain du lendemain
Aux mères qui rangent, nettoient, mitonnent parce que ça leur fait du bien de faire comme si
Aux mères qui n’ouvrent pas l’agenda, qui ne surveillent pas les devoirs, qui ne sont pas plus maitresses que traitresses
Aux mères qui rendent leur dû en retard, demain, plus tard, trop tard, plus jamais
Aux mères qui craignent pour leurs enfants et pour elle-même, pour qui chaque heure passe dans la peur
Aux mères qui pleurent, qui crient, qui bouillonnent, qui ne savent plus parler à force de ne pas être écoutées
Aux mères qui sombrent, qui suent, qui s’essoufflent, qui s’abandonnent
Aux mères qui laissent pleurer, qui laissent faire, qui laissent partir
Aux mères qui sourient à leurs enfants, déchantent et chantent de mauvais coeur les comptines
Aux mères qui éteignent leur mauvaise conscience en allumant la télé
Aux mères qui comptent les jours de poisse, à celles qui ne comptent plus les nuits d’angoisse
Aux mères qui soignent les autres au dehors alors qu’elles préféreraient s’occuper des leur au dedans
Aux mères qui veulent partir mais qui restent attachées, empêchées, empêtrées
Aux mères qui sont invisibles des sceptiques, des hypocrites, des politiques
Aux mères vénères, les mégères en colère, bouc-émissaires, les essentielles, les dominées, les exploitées
Aux mères qui voient cette société-là et qui, en secret ou en tapage, nettement ou sans trop savoir pourquoi, se réveillent, se révoltent, révolutionnent.
Révolutionnent.
Révolution.