Jamais deux sans trois
Batailles choisies #254
Devinez quoi? Nouveau reconfinement, école et crèche fermées. Qui est-ce qui retourne chez sa belle-mère avec ses trois gamins pour un temps indéterminé? C’est Bibiiiiii. 🌀
On n’aurait pas dû défaire les valises.
Après 53 jours passés chez ma belle-mère, et 5 jours chez nous, la commune où nous vivons repasse en phase de confinement.
On reconfine.
L’école referme.
La crèche referme.
Bon.
On refait nos valises et on retourne à la campagne chez belle-maman, alors?
Ces allers et retours épuisent et découragent, de façon de plus en plus aigüe.
Allers et retours à passer de confinement en déconfinement en reconfinement - et bientôt en redéconfinement, s’il vous plaît?
Allers retours à charger la voiture à bloc, valises pleines, jouets, livres, ordinateurs, courses, jusqu’à l’étendoir à linge, puis dans l’autre sens, étendoir à linge, courses, ordis, livres, jouets, valises pleines.
Allers retours mentaux pour nous tous, à retrouver nos rythmes, nos marques, à s’adapter constamment, en tentant de ne pas perdre pied.
De retour à la maison, Dernier a dû redécouvrir son cadre de vie, ce lit dans lequel il n’a pas dormi depuis deux mois, ces bruits, ces horaires.
Milieu a dû retourner à la crèche, être arraché en pleurs des bras de sa maman - je sais, il va se réhabituer.
Grand a dû se coucher tôt pour se lever tôt et retrouver ses camarades et la maîtresse.
Mais on renconfine et on referme, alors…
Grand redit au revoir à ses amis, Milieu oublie encore ce qu’est la crèche et pourquoi on y va, Dernier retourne dans cette grande maison froide.
Nos valises sont bientôt plantées à l’entrée de chez belle-maman.
Pour nous aussi, les trois adultes, c’est une adaptation continue, difficile. Après l’espoir qu’on allait retrouver un peu de normalité, nous revoilà lancés les uns contres les autres, nos bonnes volontés à cohabiter et à s’entraider debout, instables, fragiles comme des quilles.
Ma belle-mère doit retourner dépitée à ses casseroles.
Mon mari doit retourner à son télétravail avec des problèmes d’Internet.
Je dois retourner à ma bataille quotidienne pour dégoter du temps de travail sans empiéter sur le temps de personne d’autre, coincée que je suis à ne faire exister mon écriture que dans les interstices, pressés avec méthode et furie dans ces allers et retours.
Allers, retours, cahots, impression de tourner en rond: quand est-ce qu’on sort de cette spirale?