Confinement - Jour 30
Batailles choisies #34
En deux mots: A vous aussi, on reproche d’être psychorigide avec les horaires des enfants et du foyer? C’est une stratégie de survie digne d’un docu animalier dont j’aurais préféré ne pas être l’héroïne.
On me reproche régulièrement d’être rigide, de tout vouloir faire à mon rythme. Non, on étend la lessive maintenant, il faut absolument faire les courses en milieu d’après-midi pas plus tard, mais on ne laisse surtout pas Petit dormir trop, d’accord, on le réveille à 15 heures tapantes !
On (mari, famille, amis) me reproche souvent de vouloir, je cite, “être à mon temps”. Je ne suis pas la seule femme qu’on accuse ainsi d’être rigide, voire psychorigide, sur les horaires de la famille. La majorité d’entre nous (n’est-ce pas, Mesdames) entend ça à longueur de vie.
Je déteste ce reproche. Je l’ai toujours trouvé injuste, sans parvenir réellement à expliquer pourquoi. Je me suis même parfois excusée d’être si carrée. Oui, tu as raison, on peut le faire plus tard.
Et puis un jour, j’ai compris.
Non, je ne vis pas à mon propre temps. Comme la majorité des mères, en réalité, je vis au temps des enfants.
Je m’adapte sans cesse à eux, me plie à leurs besoins, exigences et donc horaires. Dans mon cerveau, les impondérables (sieste et repas) et les activités possibles avec les enfants (les moins exaspérantes, les plus agréables) jouent des coudes avec les tâches ménagères, le tout organisé, planifié et pensé pour que, à force de patience et de stratégies dignes d’une campagne militaire, tout le monde finisse la journée en un seul morceau, avec le moins de pleurs possibles.
Ce huilage des rouages familiaux (charge mentale et charge émotionnelle, salut les amis, on se fait un apéro zoom ?) sert aussi à m’assurer un temps tranquille, une pause pour me ressourcer alors que je suis si régulièrement zombifiée par mes petits.
Ma parenthèse, la sieste de Petit, le temps calme de Grand, j’en ai besoin, je m’y accroche comme à une bouée. Sans elle, je finis la journée dans un état d’exaspération extrême, en gros gadin psychologique, en plat de mon amour maternel. Donc, non, on mange à midi pile parce que sinon Petit risque de s’endormir trop tôt et d’écourter ma pause, non, enfin on ne va pas faire les courses en fin de matinée pour qu’ils se goinfrent de pain et ne mangent rien, hors de question, la lessive à étendre tout de suite, Grand n’a plus de pantalon, sinon elle ne sera jamais sèche.
Je refuse qu’on dise que je vis à mon propre rythme. C’est injuste pour moi qui vis à celui de tous les autres. D’ailleurs, si je vivais à mon propre temps, ça se saurait : je ne ferais que lire, écrire, boire du café et dormir de douces siestes.
Il suffit de regarder autour de nous toutes, la pile de bouquins à lire, les projets en plan, les cafés froids et les yeux cernés. Ce sont les signes d’une femme qui vit selon son bon vouloir, comme Marie-Antoinette ?
Alors, la prochaine personne qui me dit “relax, calme-toi, on peut profiter, non”, je la balance dans la machine à laver - et je ne l’étends pas, na.