Publications avec le tag dispute
Résultat
 

Batailles choisies #671

Résultat: ce qui arrive, succès ou échec, à la suite de quelque chose. 📍


 

Grand est parti dormir chez un copain. 

Chouette, qu’on se dit avec Mari, ah, quand on n’a plus que deux gamins, tout est plus facile. 

Résultat: tout le monde est un peu perdu.

Résultat: tout est un peu plus difficile.


On va passer une soirée tranquille.

On va dîner assis.

On ne va pas se disputer au moment de la douche.

Les couchers se feront facilement et toute la petite famille s’endormira avec un sourire posé sur les lèvres et une sérénité fondant dans les cœurs.


En prévision de notre bonheur, anticipant notre repos, pétri de nos illusions de tranquillité, Mari et moi avons bu, hier soir, un cocktail.

Résultat: on est claqués. 


De retour de l’école, Dernier s’enquiert à plusieurs reprises, étonné qu’il est de ne pas rentrer avec la clique habituelle, Maman, ses deux frères et lui-même, de savoir où se trouve l’aîné de la fratrie: “et Grand”, “et Grand”? Je lui réponds sans trop y penser que Grand est parti dormir chez un copain.

Résultat: il chouine, pleurniche sur le chemin, réclame son Grand chéri, est inconsolable.


C’est vendredi, la soirée documentaire en famille. Il n’y a que deux enfants, donc il y aura moins de disputes. 

Résultat: l’un veut regarder le documentaire sur les dinosaures, l’autre veut regarder la vidéo sur les méduses. Si je mets l’une, mon deuxième râle, si je mets l’autre, mon troisième pleure.

Résultat: il faut changer toutes les dix minutes, négocier “mais si, tu aimes bien les léopards, les éléphants, les hippopotames, comme tes peluches”, s’impatienter, abandonner la douceur et éteindre la télé en criant.    


Le tunnel bain-dodo est légèrement plus éclairé, c’est vrai: chaque enfant a sa salle de bain, a son livre, a son parent.   


La nuit passe et c’est la matinée tant rêvée. On a du temps, un adulte pour un enfant! Je vais enfin prendre le temps de jouer aux cartes avec mon petit Milieu, mon enfant du milieu qui est toujours le cul entre deux chaises. Mari veut profiter de ce moment de calme pour faire des réparations dans la maison.

Résultat: Dernier m‘empêche de jouer avec Milieu à ce tant anticipé jeu de cartes, Milieu pleure parce qu’on ne joue pas avec lui alors qu’on le lui a promis, Dernier finit par aller jouer dans les pattes de Mari, l’empêchant de réparer ce qui devait l’être.


Le reste de la journée se passe de la même manière, d’exaspération, en propositions d’activités systématiquement refusées, en disputes, en moments agréables mais sans plus. C’est comme si l’équilibre était brisé, les tentatives forcenées pour faire quelque chose de spécial ratent, on tourne autour du bonheur simple sans jamais le trouver.

Résultat: quand Grand revient, en fin de journée, le monde recommence à tourner rond, Dernier retrouve son monde, ses habitudes, les jeux se font, les équipes s’organisent et se réorganisent avec évidence, et toute la petite famille s’endort avec un sourire posé sur les lèvres et une sérénité fondant dans les cœurs.


Batailles en vrac⭣

Batailles rangées⭣

La colle et l’étiquette
 

Batailles choisies #662

C’est ça, être parent d’enfants grandissants? Voir son enfant prendre forme et ne pas aimer ce qu’il devient? Comment on aime une petite personne qu’on est censé adorer plus que tout, quand elle se comporte comme un moins que rien? 📛


Allez, et c’est reparti. 

Grand se bloque. 

Il décrète qu’il arrête, qu’il abandonne.

Qu’il ne veut plus faire.

Et il me regarde, depuis son coin, assis sur le perron de la porte.

Entre continuer à m’exaspérer et sortir du conflit, il hésite, ne fait rien.

Entre me mettre à lui crier dessus et abandonner pour sortir du conflit, j’hésite, ne fais rien.

Aucune des deux voies n’est la bonne, je le sens, le sais.

Mais en moi-même, je bous.


C’est le soir et je suis dans mon lit, le sourire en berne, une colère, une fatigue qui me consume, un grand découragement qui me prend.

En moi-même, je continue de bouillir.


Je passe en revue la journée d’aujourd’hui, que j’espérais douce et positive pour ma petite vie de famille, ma petite vie de maman. Je ne suis qu’avec Grand et Milieu, ça va être tranquille, sympa. Tous les trois entamons une session de rollers, sport que Milieu a demandé à pratiquer et auquel nous nous mettons tous, en famille.

Et Grand, au bout de cinq petites minutes, repart dans ses abandons, sa fâcherie, ses bouderies, sa mauvaise humeur qu’il envoie au monde entier avec sa moue rebelle et infantile.

Non, j’arrête le roller.

J’ai pas envie.

Je m’ennuie.

Je veux plus. 


Quoi? Encore ça?

Encore?

Mais on a déjà eu ce problème la première fois qu’on a enfilé nos patins! Grand est tombé une fois et a décrété qu’il n’aimait pas et n’en referait pas. Mari s’est fâché, Grand est parti en pleurant, j’ai réouvert un livre de chevet de parentalité pour trouver une réponse à ce problème, j’ai eu une discussion avec mon aîné pour l’aider à sortir de cette image de lui-même qui le pèse, j’ai cru le problème résolu.


Et non, ce problème est revenu plus lourd, cette étiquette est revenue plus collante que jamais.

Grand n’a pas le sens de l’effort. Il manque de pugnacité et, à mesure qu’il grandit, ce défaut l’empêche. D’autant qu’il manque de confiance en lui, qu’il se dit souvent nul en ci ou ça, qu’il n’a pas envie de se dépasser.

Oui, sûrement, dans le cas des rollers, ça vient d’un complexe qui naît de voir son frère, Milieu, à l’aise avec n’importe quel sport, léger, agile, véloce et faisant facilement tout ce qu’il se propose.

Oui, sûrement, notre inquiétude s’amplifie à cause du manque de coolitude de notre fils, de ses relations amicales dans lesquelles il est, trop souvent, le nerd, le geek, le looser, qui font qu’on prête plus attention à ce qu’il réussit ou à ce à quoi il échoue.  

Oui, sûrement, on a fait des erreurs avec Grand, on lui a fait les choses à sa place, en bon premier qu’il est, on l’a rendu empoté et peu persistant en voulant lui épargner trop de peine.

Oui, sûrement, pour résoudre ce problème, on a empiré la situation en le critiquant, en insistant, en apposant avec nos mains bien intentionnées l’étiquette tant redoutée de boudeur, de fuyard, de nul.

Oui, sûrement, dans ma famille il y a un problème de confiance en soi qui passe dans le sang.

Et?

Et maintenant quoi?

Comment on fait quand son enfant est devenu cette personne?

Que dois-je faire, en tant que maman?       


Je suis fatiguée de cet enfant. De cette mauvaise tête. Je ne sais pas quoi faire avec ce défaut, avec ce bagage qu’il porte ou plutôt traine. J’ai essayé différentes réponses: j’ai critiqué; j’ai montré le problème; j’ai décrit le défaut; j’ai crié; je n’ai rien dit; j’ai eu confiance qu’il allait comprendre; j’ai trouvé que c’était de ma faute; j’ai eu un haussement d’épaules; j’ai pleuré; j’ai continué à bouillir de rage.

C’est donc ça, avoir des enfants qui grandissent? On commence à les voir comme des personnes avec leurs défauts, qu’on ne peut plus vraiment corriger mais dont on doit attendre qu’ils décident, eux, de les corriger seuls, ou bien d’accepter de vivre avec? Et, en attendant, en tant que maman, mon rôle est-il de pointer du doigt ce qui ne va pas, de continuer à essayer de l’éduquer? Ou faut-il se retenir d’intervenir, qui serait le pire quand on croit faire le meilleur? Faut-il se rassurer en trouvant que c’est quand même un gentil garçon, avec ses grandes qualités?


Non, j’arrête le roller. Je m’ennuie. Je ne veux plus en faire. Je veux aller dessiner à l’intérieur.

C’est le soir et je ne peux m’empêcher de repenser à ça. 

J’y repense et souffre, de rage, de désillusion, d’impuissance


Impuissance. C’est donc ça, avoir des enfants qui grandissent?

Attendre que ça passe.

Espérer que ça passe. 


S’endormir avec cette angoisse, espérer que la nuit porte conseil.

Et se réveiller et n’avoir rien trouvé.

Sentir l’ébullition encore présente, à peine refroidie par la nuit.

Et maintenant, quoi?

 

Batailles en vrac⭣

Batailles rangées⭣