Sonnons le tocsin

 

Batailles choisies #132

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En deux mots:

Je suis devenue féministe quand je suis devenue maman. Y’a une raison - et même plusieurs.


 

Je suis devenue féministe quand je suis devenue maman. Plutôt, même si je me revendique féministe depuis le lycée, c’est en devenant mère que j’ai senti l’urgence de m’engager dans les mouvements et les réflexions féministes. 


Avant d’avoir des enfants, j’avais rencontré le sexisme, je l’avais pointé du doigt dans mon cercle. Mais, sans enfant, on peut avoir l’impression que le problème est sporadique, qu’il vient de personnes isolées (même si trop nombreuses). D’autant que, jeune femme sans enfant, je voyais les mères galérer, en me disant que je m’en sortirais mieux qu’elle. Que c’était elles qui n’y arrivaient pas, alors que moi, bien sûr, je n’aurais pas ce problème.

« Une grande claque »


Quand on devient maman, on se prend une claque. Une grande claque. 

On comprend en réalité que le problème du sexisme ne vient pas de nos relations interpersonnelles (l’oncle qui fait des blagues atroces, la cheffe rétrograde, le prof qui fait des remarques sexistes). Non, on se rend compte que la domination des femmes, des mères en particuliers, est systémique, qu’il est très difficile d’échapper aux forces qui sont autour de nous et nous vendent la maternité comme un accomplissement alors qu’elle est souvent synonyme d'assujettissement. Que tout le tralala autour de la maternité cache de bien moins glorieux intérêts que l’intérêt supérieur de l’enfant. Que la gratuité du travail parental imposé aux femmes n’est pas une chose que l’on change en se disputant avec sa famille à Noël. 

Il est presque impossible, pour les femmes individuellement, de s’arranger avec une société qui rend la question de la garde d’enfant si épineuse, qui ferme ses écoles à 16 heures, qui promeut Monsieur au moment où Madame pouponne, qui la regarde de travers, constamment, en mode Big Mother.

Ce qui a surtout catalysé mon engagement, c’est la colère née du sentiment d’avoir été arnaquée par la société, qu’on m’avait vendu du rêve où il n’y en avait pas.

« L’arnaque »


Alors quand on est mère et qu’on s’est pris cette claque, on se plaint (synonyme patriarcal de contester et revendiquer), on se réunit, on s’engage, et on a bien raison. 



Parce qu’on entend partout le son de cloche d’une maternité épanouissante pour les mères (pour les pères, on repassera) et que ça sonne faux, nous, on se met en ordre de bataille et tu-tu-TUU, on sonne le tocsin.

 
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Heloise Simonmaternité