Un troisième enfant
Batailles choisies #138
Pas le temps de lire tout de suite?
En deux mots:
Est-ce une bonne idée d’avoir un troisième enfant? Oui? Non? Ben, Héloïse, fallait se poser la question avant...
Je suis enceinte.
Je n’ai pas vraiment envie d’avoir un troisième enfant. Je n’ai pas envie de replonger dans la triade maudite des mauvaises nuits, des pleurs, des couches.
Le problème, c’est que j’ai envie d’avoir eu trois enfants.
Mère de trois enfants, ça me fait envie. Et c’est idiot. Avec deux, j’ai déjà régulièrement (quotidiennement?) l’impression d’être Christophe Colomb à qui on aurait dit de rejoindre les Indes en y allant à la brasse. - Vous êtes sûrs que c’est une bonne idée? - Mais t’inquiète mon Christophe, c’est moins dur que ça en a l’air!
Mais bon, après avoir tourné le problème dans tous les sens, après avoir bloqué face aux boîtes avec les vêtements bébé ou grossesse, les pièces du berceau démonté, la poussette, qui, oui, c’est vrai, encombrent les placards et le garage, sans avoir réussi à les donner, j’ai dû arriver à la conclusion que je n’avais pas fini.
Je n’ai pas fini cette partie de ma vie, elle a encore des choses à m’apprendre, j’ai besoin de l’approfondir avant de passer à autre chose. Et deux enfants, j’avais l’impression de m’arrêter en cours de route, en me rongeant les doigts de regret des paysages, peut-être ceux des Amériques, que je ne verrai jamais.
Alors, on fait quoi, mon chéri?
Un jour c’était oui pour lui, non pour moi, le lendemain l’inverse, le tout à caler avec les jours d’ovulation. Pas une mince affaire.
Un de ces jours, tous les deux, on ne s’est dit ni “on se lance”, ni “ça va être merveilleux”, ni “quelle grande idée”. On s’est dit: “advienne que pourra”.
Parce qu’elle est toujours là (je la vois comme elle brille!), cette belle étiquette sociale de “maman de trois enfants”.
- Et toi? - Oh, moi j’ai trois enfants!
Je ne sais pas ce qui a colonisé mon désir, si c’est d’être issue d’une fratrie de trois, ou le sentiment de vouloir aller au bout d’une expérience, ou bien si ce sont les publicités pour les pâtes Panzani avec trois blondinets rieurs devant des spaghettis à la tomate.
Soit, certes et tant pis: va pour le premier mois de vie crevant (soupir), pour les six premiers mois qui déglinguent (gros soupir), pour une troisième fois les terrible twos (j’en tremble), pour les trois premières années exténuantes (très gros soupir).
Allez, c’est parti pour un troisième gamin.
Maudits Panzani.