La tête de trois pieds de long
Batailles choisies #179
En deux mots:
Vous aussi, votre conjoint est d’humeur massacrante quand il s’est occupé un chouilla plus des enfants? Mais c’est quoi, en fait, ça? Une sorte de châtiment patriarcal relou?
Bon, commençons par désamorcer les grenades conjugales: on a le droit d’être de mauvaise humeur, d’avoir eu une journée pourrie, d’être en retard pour rendre un dossier super important et d’être donc très facilement exaspéré par ses enfants. J’en ai le droit. Mon mari aussi.
Par contre, la tête de trois pieds de long quand je rappelle d’une voix douce au petit déjeuner, tu te rappelles, hein Chéri, aujourd’hui, j’ai exceptionnellement plusieurs réunions, à 14h30, à 15h30 et une que je dois prendre en cours à 16h30, j’espère que ça va finir à 17 heures max: pénible. Le gros soupir suivi de “donc je vais pas pouvoir travailler cet après-midi” d’un air outré: casse-pieds. Les enfants que j’entends pleurer toute l’après-midi en fond sonore de mes réunions avec les éclats de voix du papa qui n’en peut plus: insupportable.
Dans le même genre, j’ajouterai: la fin de soirée pleine d’engueulades père-fils, les garçons qui se mettent au lit en pleurant, qui s’accrochent à mes jambes pour un peu de réconfort et le bilan de Monsieur: putain, ils sont chiants les enfants.
Ah bon? Parce qu’avec moi, les enfants ne font que dessiner des arc-en-ciels en s’envoyant des bisous d’amour, puis nous faisons ensemble de la pâtisserie sans salir la cuisine et nous terminons dans la joie et la bonne humeur avec des jeux calmes pleins de respect et d’écoute empathique.
Oui, ils sont chiants, j’ai remarqué, surtout quand tu enchaînes, toi, les réunions.
Et ma tête de trois pieds de long à moi, celle qui veut dire, bon, faut que j’arrive à m’organiser autrement parce que je déteste ce genre de soirée où tout le monde est exaspéré: la tête de celle qui va en faire plus, toujours plus, toujours plus anticipé, toujours plus invisible, la tête de la mère dans un système patriarcal.
Eh! Monsieur, le mien et ceux des autres, prendre sur soi et garder (le plus souvent possible) le sourire quand on a une journée pourrie et les enfants assortis à la journée, ça s’appelle être parent.
Faites passer.