Confinement - Jour 19

 

Batailles choisies #23

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En deux mots: je vis ce confinement comme des montagnes russes : mal. S’il vous plaît, pas de photo pendant le manège, je préfère ne pas voir nos têtes.


 

Le confinement en famille, c’est une alternance de moments de joie tranquille et de stress aigu, des vagues de plénitude et des déferlantes d’angoisse, plus trivialement, le confinement, ce sont des hauts et des bas.

Les hauts quand s’enchaînent les réussites, même minuscules, la quiche faite avec les enfants sans qu’ils s’en crèvent les yeux, une activité réalisée pour la maîtresse, des cours envoyés, des mails écrits, des bons moments en famille.

« cette oppression d’avoir constamment les enfants »

Et puis les bas, cette oppression d’avoir constamment les enfants, de se faire bouffer par eux, de batailler chaque minute pour s’entendre, prendre sur soi de six heures du matin à vingt et une heures le soir

Les bas, ce boulot gigantesque pour ménager un espace à chacun et un espace commun, pour trouver du temps pour le travail qui est toujours trop court, et du temps à soi qui ne vient jamais

Les bas, ce marasme de ne plus savoir quel jour on est, marasme de ne plus avoir de week-end puisque pour tenir nos différentes barques (travail, école, écriture, famille), il faut travailler tous les jours, tous les soirs après le coucher des petits. Sans jamais déconnecter. Sans jamais se dire, bon, je le ferai demain, là j’ai besoin de penser à autre chose. Sans voir le bout du tunnel.

« sans jamais déconnecter »

Il suffit de peu pour passer du côté de la déprime, du sentiment d’impuissance et d’injustice: la fatigue qui s’accumule, des enfants plus geignards qu’à leur habitude (ou d’habitude ce sont mes oreilles qui sont moins sensibles), un mail de parent d’élève qui se plaint de la difficulté d’un exercice alors que (ajoutez ici l’insulte qui vous convient) l’exercice on l’a fait avec application à vingt-trois heures, donc on a fait ce qu’on a pu, un message de la maîtresse qui voudrait savoir pourquoi on n’a pas envoyé de photos de l’activité gouache (la photo de l’activité, je ne sais pas où elle est passée, mais la gouache par contre, elle est partout dans mon salon). 

Et ça va durer combien de temps ? Des mois ? On parle d’août pour le déconfinement.

Quels affres que ce temps perdu autant que suspendu, que je vois, moi, très difficilement, comme un moment pour tout remettre en question parce que mon temps disponible pour la réflexion anticapitaliste (nécessaire) est réduit à néant (j’en parlerai dans un prochain post)!

« la tâche immense et impossible de télétravailler avec les enfants »

J’alterne entre espoir des bons jours et désespoir de la tâche immense et, il faut le dire, impossible qu’est le télétravail avec des enfants en bas âge.

Il me faut lutter contre l’impression si rude que les parents, les mères en particulier, sont mises en difficulté par un système qui a été construit, non seulement sans nous, mais même sur notre dos. Se prendre encore une claque quand un collègue propose une vidéoconférence de travail à dix-sept heures (ben, non, à cette heure, impossible). Sentir l’aiguille d’une subtile mais réelle inégale répartition des tâches quand, encore, je dis “oui, vas-y, fais ta réunion, je travaillerai plus tard, je me débrouillerai”. Sentir tout le poids d’une maternité à laquelle j’ai besoin d’échapper et qui, pour encore des semaines, des mois, ne me laissera aller nulle part.



Et il n’y a rien à faire. Juste écoper, encaisser, endurer. Se rappeler qu’on a de la chance.

 
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