Confinement - Jour 27
Batailles choisies #31
En deux mots: Vous aussi, votre conjoint vient vous faire la conversation quand vous avez besoin de travailler? Attention, ce post contient un reproche adressé à tous les maris du monde, et au mien en particulier.
Mon mari fait quelque chose qui m’énerve au plus haut point.
Mon mari ? Ah oui, je l’aime et le respecte, c’est une bonne personne, un bon conjoint et un bon père, etc, tutti quanti, vous avez compris le topo, là n’est pas la question.
Cette chose qui m’énerve ? Je vous explique.
Ce matin, mon mari a besoin de travailler. Je m’occupe donc des enfants. Soit.
Début d’après-midi, Petit dort, Grand regarde une série dans le salon. Lorsque Petit se réveillera de sa sieste, j’éteindrai le vidéo-projecteur, m’occuperai de nouveau des enfants. Ma prochaine plage de travail sera donc à 21h ce soir.
Je suis dans la cuisine (et pas dans le bureau) parce qu’ainsi je peux tout de même répondre aux besoins de Grand qui régulièrement demande à ce qu’on change la vidéo ou lui apporte à manger.
Je tape frénétiquement sur le clavier de mon ordinateur. J’ai le casque sur les oreilles. Je n’écoute même pas de musique, je veux juste m’isoler des mélodies affreuses des vidéos de mon fils et du lave-vaisselle qui joue sa fanfare de casseroles juste à côté de moi.
Voilà, j’ai posé la situation.
Alors ?
Vous êtes sûrs ?
Vraiment sûrs ?
Non, mais vraiment, réfléchissez bien avant de répondre ! Donc ?
Mon mari descend : “Tu te souviens si j’ai laissé quelque part une lettre que j’ai reçue de l’université ?“
Sa question est reçue avec froideur, un bon gros soupir et des yeux-revolvers quand je suis obligée d’enlever mon casque. Je lui dis non, et lui demande de me laisser travailler, ce qui le vexe toujours un tout petit peu en son for intérieur. Il s’exécute.
Des histoires comme ça, j’en ai des centaines. J’ai remarqué d’ailleurs que mon père faisait la même chose. Il vient me faire la conversation quand je suis très clairement occupée et que toute personne avec un tant soit peu d’esprit d’observation ou équipée de jugeotte (au pire d’une bonne paire de lunettes) voit que le temps que je passe à parler avec lui des actualités ou chercher quelque chose qu’il n’a pas rangé, ce temps, je le perds, c’est-à-dire que je ne peux pas travailler. Et dans mes journées, en particulier en ce moment dans la vie si contrainte de mère confinée, chaque minute compte.
Enfin, il est évident que je ne veux pas être dérangée ! Si je voyais, moi, mon époux, caché dans une pièce de la maison, casqué, concentré, pressé par le temps, je ne viendrais pas le déranger, je remettrais à plus tard ma question ou s’il le fallait vraiment, je frapperais tout doucement (plutôt que d’arriver avec mes pas d’éléphant), formulerais une demande précise et rapidement exécutable (parce que si on me redemande encore si j’ai vu les nouvelles dernièrement, je vais devenir tueuse sans gages, un travail gratuit de plus), m’excuserais platement et lui rendrais ce temps que je lui aurais fait perdre.
Il y a quelque chose dans l’éducation qu’on donne aux hommes qui doit indiquer qu’ils ne dérangent jamais, qu’on est toujours disponible pour eux. Qu’on n’a pas besoin de considérer les besoins de l’autre, sans même parler de les anticiper. Qu’on peut donc interrompre Maman ou bien Chérie.
Annonce d’intérêt public : messieurs, vous dérangez.
Schou.
Oust.
Du balai.
Allez, bisou chéri.