Palette
Batailles choisies #335
Disputes, chamailleries, hurlements, coups de griffes entre frères et sœurs, toute la palette d’émotions extrêmes, j’en ai des bleus à l’âme de maman. 🎨
Grand et Milieu se disputent. Encore.
Les bisbilles entre frères, c’est dur, si dur.
Oh, non, disais-je, avant (avant d’avoir des enfants, avant qu’ils soient en âge de se chamailler constamment), mais ce n’est rien, c’est juste des bêtises sans importance, il faut passer outre!
“Passer outre”… c’est plutôt, tomber dans le pot de peinture tête la première, émotions multiples, intenses, passage par tous les états d’âme, montagne russe, nuancier de couleurs qui jurent.
Jaune attente - Attends… j’ai cru entendre… quelqu’un pleure, non?
Orangé vigilance - je finis mon email, mais je tends l’oreille, avec ces deux-là, on passe vite du vin au vinaigre…
Pourpre contrarié - non, ils commencent à se disputer, c’est sûr, je vais voir dans le jardin, qu’est-ce que je vais encore trouver…
Rouge sanguinolent pour un grand découragement - j’en ai marre de leurs chamailleries…
Blanc étonnement - mais, vous faites quoi là?
Mais enfin, il se passe quoi? Quel est le problème? Je ne comprends pas! Qui avait l’arrosoir en premier? Mais arrêtez de hurler, arrêtez de tirer dessus, vous allez le casser et puis vous allez vous faire mal! Je suis sûre qu’on va trouver une solution, mais dites-moi ce qu’il se passe, enfin!
La dispute dégénère. L’un ne voulait pas que l’autre utilise l’arrosoir ou bien l’autre ne voulait pas que l'arrosoir soit rempli de terre ou bien l’un ne voulait pas que l’autre ait ce que l’un voulait et l’autre non plein ou rempli ou moi d’abord et toi après ou l’inverse.
La grande chamaillerie.
La chicane cabalistique.
C’est le moment de ces couleurs affreuses, ces jaunasses, marronnasses, beigeasses, ces blanchâtres, roussâtres, saumâtres.
Il y a tellement d’émotions et de sentiments face à ces disputes ridicules, terribles, incontrôlables, qui font de mes gamins doux des terreurs, que le nuancier se salit, se dégrade.
Je suis impuissante. Sidérée. Je ne sais pas quoi faire. Je suis horripilée et découragée, en colère et impuissante, essayant de contenir la furie noire avec une positivité bien faible.
Qu’est-ce que c’est moche, toutes ces couleurs mêlées, toutes ces émotions qui débordent les unes sur les autres, les miennes, les leurs. Parce qu’eux-aussi se balancent à la figure le rouge colère, le vert jalousie, le noir haine, l’orange violence.
Oh, la petite enfance ne connaît-elle donc que les couleurs pastel sur les vêtements de bébé?
Bon, je finis par y voir rouge et envoie les gosses chacun dans leur coin.
Je termine lessivée, abattue, l’impression d’être dépassée me collant au cœur.
Silence.
Ils sèchent leurs larmes bleues.
J’entends des rires rosés et des sourires de but en blanc.
Vie d’enfants, vie de parents, vies pour en voir de toutes les couleurs.