Confinement - Jour 47
Batailles choisies #51
En deux mots:
Ça vous dit qu’on utilise “mignonnerie” pour parler de ces moments craquants de nos enfants? Type, “oh il m’a fait une mignonnerie, faut que je te raconte”. Exemple ci-dessous.
Une mignonnerie de Grand.
Oui, une mignonnerie.
“Mignonnerie”, mot qui existe, mais dont je propose l’usage suivant: petite scénette ou petite réplique trop mignonne de votre rejeton, qui vous fait fondre le cœur. Petit rayon de soleil dans la pluie comme vache qui pisse qu’est la vie avec les enfants.
Grand adore colorier et dessiner. Tonton et Tata lui ont offert un livre de coloriage, envoyé par la Poste en ces temps de Coronavirus, trop chou. Le livre lui a tellement plu qu’il a passé sa soirée à le colorier, avec diligence, page après page enchaînées comme s’il était exploité dans un sweatshop, au point que Grand a l’air vraiment très fatigué. Bientôt 21 heures, il faut le libérer.
Mais, Grand, tu ne veux pas finir demain? Tu en as fait beaucoup, déjà.
Suit une explication tarabiscotée typique d’un enfant de quatre ans, avec une voix raisonnable mais une diction épuisée: “Parce que, maman, regarde, je dois finir ce soir parce que sinon demain, Petit va voir les dessins, et vouloir les prendre et on va se fâcher, en plus demain, Tonton et Tata ils m’ont dit qu’il n’y avait plus de timbres avec le Coronavirus, donc je dois tout finir, pour leur envoyer les dessins tout coloriés entièrement demain matin pour avoir des timbres”.
Silence maternel, un peu attendri, un peu fatigué de ne rien comprendre à pourquoi on ne va pas se coucher et qu’on tient absolument à colorier la page 8 de 23. J’ai peur d’y passer la nuit, là.
Je retente:
D’accord, c’est bien de travailler comme ça avec autant d’application, mais ne te sens pas obligé de terminer ce soir. Tu peux en garder pour demain.
Et puis la mignonnerie.
Après un silence réflexif.
Tu sais, Maman, je veux finir les dessins, c’est parce que je fais tous mes efforts.
J’éclate de rire, l’autorise, pour ce soir, à laisser tout son bazar éparpillé là et colle à ce grand bêta qui a repris à son compte une de mes explications du sens de l’effort, un gros baiser sur la joue.