Confinement - Jour 46
Batailles choisies #50
En deux mots:
Remplir un verre de cailloux? Ou verser de l’eau sur le rouleau de sopalin? Les deux, mon capitaine. Bienvenue dans le monde d’un enfant de deux ans. Fatigue.
Petit aura deux ans en juin. Ça n’a aucun rapport avec son anniversaire, mais il me fait tourner chèvre.
J’ai déjà posté un billet sur ma culpabilité à arriver si vite au bout de ma patience pour lui, alors que je faisais preuve de plus de patience, ou les mauvais jours, de résignation, pour mon aîné. Grand avait droit aux explications pédagogiques; Petit a souvent droit aux “non” hurlés.
Mais pourquoi est-ce un âge si terrible ? Parce que son apprentissage de la vie consiste
à entrer et à sortir
à ouvrir et à fermer
à mettre et à enlever
à allumer et à éteindre
à verser et à éponger
à monter et à descendre
à jeter et à récupérer
à remplir et à vider.
Sortir dans le jardin, entrer les chaussures pleines de boue, ouvrir et fermer quinze fois le placard de l’entrée, allumer le four, éteindre l’aspirateur, mettre une spatule dans la machine à laver, enlever les cotons-tiges de la boîte, verser trop d’eau dans un verre, l’étaler en épongeant, monter sur l'escabeau, descendre tous ses jouets du deuxième, remplir un arrosoir de terre fraîche, vider mon assiette de ses pâtes, jeter mes clés dans la poubelle, y récupérer un vieux biscuit.
Ces découvertes, évidemment, se combinent - c’est même bien plus amusant : enlever les cotons-tiges et les mettre dans le four, descendre ses jouets, les mettre dans un verre et les noyer d’eau, éponger soigneusement, entrer dans le lave-vaisselle avec ses chaussures pleines de boues, allumer l’aspirateur et l’enfermer dans le placard de l’entrée, vider les étagères de ses livres, mettre de la terre fraîche dans ses chaussettes, jeter une fourchette dans la poubelle et récupérer mes clés tombées au fond du seau.
Y a-t-il quelque chose à faire ? Non. Attendre que ça grandisse.
C’est donc à moi de
fermer les yeux
éteindre mes boutons à colère
descendre de mes grands chevaux
et
mettre du vin dans mon eau (c’est bien ça, l’expression ?).