Ça aurait pu être pire

 

Batailles choisies #578

Bilan de mes deux semaines de “vacances” avec mes trois enfants et sans mari, en déplacement plusieurs jours? Moins pire que prévu. 🥃


 

Sagesse: nom féminin. Manière de regarder la vie comme un verre à moitié plein. Résignation que la famille idéale n’existe pas. Situation d’une mère qui trouve que ses enfants pourraient se tenir encore plus mal et que, par conséquent, ce n’est pas si mal.


J’ai appris à trouver que je ne m’en sors pas trop mal en tant que mère. Je ne m’en sors pas trop mal alors que mes enfants se donnent des coups de pieds dans la face, renversent leur verre plein de jus collant, mangent à moitié couchés sur la table, crient des insultes avec une voix haut perchée que tout le quartier entend. Comment ne pas succomber à l’impression terrible qu’on est en train de rater complètement l’éducation de ses enfants? Comment ne pas passer la journée enfermée pour cacher au monde ses faillites? Comment? Eh bien, appelez-moi optimiste, naïve, criez-moi “tais-toi” comme mes gosses le font, mais en fait, j’ai appris à trouver que ça aurait pu être pire.

Ça a été, la sortie à la Lagune?

Oui, oui. Ça aurait pu être pire. Ils ont lancé des cailloux dans des flaques pour s’éclabousser mais quand ils ont commencé à lancer des cailloux vers d’autres enfants qui n'avaient rien demandé, ils ont arrêté assez rapidement comme je le leur avais demandé.   

Ça a été, la randonnée?

Oui, oui. Ça aurait pu être pire. J’ai dû porter Dernier toute la montée, mais en haut, ils étaient vraiment contents, et Dernier a quand même marché un peu à la descente.  

Ça a été, le restaurant?

Oui, oui. Ça aurait pu être pire. Ils ont eu du mal à attendre que la commande arrive, ils ont dessiné sur la table avec les crayons de courtoisie plus que sur la feuille, mais enfin après ils ont plutôt bien mangé et ils ont joué un petit moment tous les trois sans se disputer.

Ça a été, l’après-midi?

Oui, oui. Ça aurait pu être pire. Ils se sont beaucoup chamaillés au début, mais j’ai réussi à occuper Dernier en faisant de la pâte à modeler bon il en a mis partout. En fin de compte, je leur ai mis un film qui était plutôt sympa, un truc de dinosaure pas trop idiot et on a tous pu se détendre.


Face à la perspective des deux semaines à occuper les petits, je m’imaginais passant mes journées à engueuler l’un, crier sur l’autre, régler des disputes, organiser des tours de jeux pour les Lego, courir après des gosses qui refusent de mettre leurs chaussures, laisser faire des concours de trampoline sur le lit parce qu’il n’est que 8h47 et qu’il fait trop froid pour sortir, finir par mettre la télé alors que je fais tellement d’efforts pour éviter les écrans mais c’est soit ça, soit je leur mets des baffes. Je m’imaginais pleurant à 9h30, abandonnant à 14h, criant à 16h, hurlant à 18h et décidant de divorcer à 20h.  


Mais non, ça va. En fait, ça va. Ça aurait pu être pire et je trouve que je ne m’en sors pas trop mal. Je n’ai quoi, qu’une ou deux disputes quotidiennes, disputes qui naissent en plus d’une raison légitime, et pas d’une colère contenue depuis le matin qui explose lors de la pichenette de trop. Plutôt pas mal, non? On sort beaucoup, on arrive à avoir des moments de jeux tous ensemble, les enfants sont plutôt coopératifs et j’ai réussi à ce que les journées ne se ressemblent pas: lundi, on est allés boire un chocolat, mardi il faisait très beau, on est allés à la piscine, mercredi des amies des garçons sont venues à la maison, et ainsi de suite. Pas trop de routine, finalement. Et puis Mari rentre ce soir, donc, c’est la fin de mes pires deux semaines de l’année, celles que je voyais venir avec horreur, celles que je redoutais, dont j’avais parlé en tremblant à mes collègues qui me demandaient naïvement ce que j’allais faire pendant les vacances - ben rien, je vais courir après mes gosses toute la journée et regretter ma vie.


Finalement, on a effectivement fait un peu rien, mais on a aussi un peu fait des choses. Rien de spécial. Mais plein de moments chouettes. Des petites disputes et des grandes sorties, et aussi l’inverse.


Mais tant que dans la journée, je suis sortie, que mes enfants ont dépensé leur énergie folle dans des courses non moins folles, même s’ils ont sauté dans des flaqus à pieds joints, même s’ils ont crié “popotin!” comme ils adorent le faire, même si j’ai dû donner toute mon énergie à Dernier, en bas, pour que les aînés puissent jouer aux Lego tranquilles en-haut, alors je suis contente, parce que ça ne s’est pas si mal passé.  

Oui, voilà: finalement, ça aurait pu être pire.


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