1001 responsabilités
Batailles choisies #76
Pas le temps de lire tout de suite?
En deux mots:
Vous avez l’impression d’être le coach de votre famille? C’est fatigant, et c’est sûrement vrai.
Je continue la réflexion de mon dernier billet sur la responsabilité parentale et sa répartition inégale au sein du couple.
J’ai envie de voir ce que recouvre la responsabilité parentale, parce qu’elle est au cœur de la répartition inégalitaire du travail parental, à l’intersection avec la charge mentale et la charge émotionnelle.
La responsabilité parentale est vaste, elle est faite de gros morceaux et de petits riens, de checklists longues comme le bras et de beaucoup, beaucoup de tâches infimes dont on ne prend pas la mesure.
Les quatre fantastiques évidemment: courses, cuisine, ménage, lessives.
Les trois mousquetaires: médecin, école, loisirs (et ami.e.s).
Mais aussi la recherche d’un dessin animé pas trop nunuche, les livres à rendre à la bibliothèque, les rendez-vous avec les copines, essayer de manger bio, aller à l’anniversaire du camarade, mince, un cadeau, les rendez-vous avec les profs, la lecture des livres pour vous aider à devenir parent, les soirées à chercher sur Internet comment aider votre terrible enfant à ranger sa chambre, des recherches de colonies de vacances ou centres de loisirs si vous en avez la chance, les visites à la famille, initier à la musique, prendre le temps de montrer comment recycler, et des centaines et centaines d’autres.
Vous avez souvent l’impression d’être coach familial?
Vous avez raison. À travers toutes ces tâches, vous cherchez le bien-être et le développement de vos enfants (peu importe si votre famille est effectivement plus heureuse, ce n’est pas le sujet de ce billet). Parce que les femmes sont socialisées pour être chargées du bonheur et du bien-être des autres, on croit que ça leur vient naturellement, que ce n’est pas du travail. Et si toutes les tâches, y compris celles-ci, ne sont pas mises à plat, considérées comme des tâches parentales et donc discutées au sein du couple, elles passent très facilement sous le radar.
Si vous demandez aux pères quelles sont leurs responsabilités de parent, ils vont rarement répondre: “que mes enfants ne meurent pas de faim ni de froid”. Ils vont vous parler de la transmission, de l’ouverture à l’autre et d’autres belles choses fleuries (et importantes). Par contre, amènent-ils le chérubin chez son meilleur ami (et donc s’arrangent pour ne pas trop se friter avec les parents du copain en question)? Se sont-ils occupés du dossier d’inscription de la mairie pour le foot? Ont-ils lu un livre sur les émotions des enfants?
En résumé, ont-ils fait le travail dont ils vous diront eux-même que c’est important?
Souvent, non, ou peu.
Charge mentale, et charge émotionnelle, Mesdames, promo, deux pour le prix d’une.
Et souvent, le conjoint qui n’a pas peur du ridicule ira jusqu'à dire, quand vous lui demandez de chercher des ressources pour mieux gérer les colères de votre enfant: “Franchement, tu en fais trop, tu te prends la tête, moi je fais ça plus au feeling, sur le moment”.
Aucune responsabilité parentale ne s’improvise. Si vos enfants ne se griffent pas à longueur de journée et qu’ils sont curieux sur le monde extérieur, c’est que vous y avez travaillé.
Combien d’entre nous, mamans, ont fini par hurler un jour, mais tu te rends compte de tout ce que je fais pour les enfants?
Non. Le plus probable c’est que le partenaire ne le voit pas. D’ailleurs, il ne voit même pas pourquoi, alors que vous venez de rentrer d’un énième goûter chez un copain, vous l’envoyez paître quand il déplore votre irritation évidente, les mains dans les poches, les miches sur le canapé et la bouche en coeur.
L’avantage, c’est que comme vous avez désormais votre diplôme de coach familial, vous pouvez lui imposer une séance d’abdos-fessiers et un bon coup de pied au cul.
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