Trois mois de confinement

 

Batailles choisies #77

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En deux mots:

Aujourd’hui, ça fait trois mois que je suis confinée. Ici, le confinement devrait durer encore plusieurs mois. État d’âme: fond du puits du trou du gouffre.


 

Je fête cette semaine trois mois de confinement (émoji champagne émoji feux d’artifice émoji ironie). Trois mois, avec mon travail d'enseignante où j’ai dû me lancer dans la continuité pédagogique les yeux bandés, trois mois avec mes enfants de 4 et 2 ans dans les pattes, avec un mari qui télétravaille, un peu beaucoup à la folie parfois, trois mois avec des projets littéraires à tenir parce qu’écrire, c’est ce qui me fait tenir.

Si j’ajoute que là où je vis (Amérique du Sud), la crise sanitaire empire, c’est le début de l’hiver et que l’année scolaire entière (la rentrée a eu lieu moins de trois semaines avant le début du confinement) promet de passer ainsi, à faire maîtresse pour mon fils, et école à distance pour mes élèves, je pourrais conclure en disant simplement: 

« Ça va pas fort, vous vous en doutez. »



Une des choses les plus éreintantes pour le moral, une des plus épuisantes psychiquement (et même si j’ai de la chance pour beaucoup de raisons) c’est que, même si je passe mes journées avec ma famille, je n’ai quasiment passé aucun moment en famille


« Aucun moment défini de non-travail »

Aucun moment défini de travail, donc aucun moment défini de non-travail, aucun moment défini de famille, donc aucun moment défini de non-famille. Je ne peux pas profiter de mes enfants, parce qu’ils sont un poids terrible pour ce qu’on me demande, de continuer à travailler pour mes élèves, et de ce que je me demande, de garder un lien avec mes élèves (vie professionnelle numéro 1) et de continuer à écrire (vie professionnelle numéro 2). Mes enfants sont la patate chaude qu’on se refile pour pouvoir travailler. Sauf que, en colonie de vacances de mon enfance comme dans ma vraie vie de maman, la patate chaude, c’est amusant cinq minutes et pas plus.

C’est la même chose pour mon mari, je ne passe aucun moment avec lui, je le croise quand on se refile les bébés avec l’eau du bain.



On a tous besoin de barrières, de cases, de moments ON et de moments OFF, plutôt que ce terrible continuum de toutes les galères et les frustrations familiales et professionnelles en même temps, en purée, avec un saupoudrage de petites joies minuscules.



Je suis épuisée, j’en ai marre et je veux juste retrouver des moments sans pour avoir des moments avec.

 
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