L'amour maternel existe-t-il?
Batailles choisies #75
En deux mots:
Ce billet s’adresse à toutes les mères qui ne regardent pas leurs enfants jouer aux Playmobils avec un sourire béat et un air ravi.
Avec cette tribune et le hashtag #mafacturecovid, la reconnaissance du travail gratuit des femmes, décuplé pendant le confinement, fait débat.
Aux mères qui réclament une compensation pour leur travail parental, on répond: mais on élève ses enfants par amour, pas par intérêt!
Quand je dis “on”, je parle évidemment des Minions de Twitter pensant qu’ils ont des opinions impôôrtantes, mais aussi d’une conception plus générale de la relation entre une mère et son enfant. On s’occupe de ses enfants, on les soigne, les nourrit, les habille, on les emmène au square ou chez les amis et tout le et caetera qui ne s’arrête jamais, par amour maternel, un sentiment qui dans notre culture ne se quantifie pas, ne se marchande pas. On ne peut donc revendiquer de reconnaissance (quelle qu’en soit la forme, sociale, financière) pour ce qui n’est pas du travail, mais une manifestation de l’amour.
Cet argument de l’amour pour justifier la charge qui pèse sur les mères est un piège qui arrange les hommes, englue les femmes et dont il faut sortir.
Entendez-vous les oiseaux gazouiller quand vous pliez le linge? Sentez-vous votre cœur gonfler quand vous préparez des pâtes à la tomate pour la troisième fois de la semaine? Ou votre esprit s’élever quand vous jouez aux animaux de la ferme?
Non? Alors, on ne prend pas en charge les tâches parentales et domestiques pas amour. Ces tâches sont assurées par responsabilité (qui tire sa source d’un amour, certes, le plus souvent).
Lorsqu’une femme fait valoir son travail gratuit domestique et parental, c’est parce qu’elle veut pointer du doigt l’inégale répartition des responsabilités parentales et domestiques, qui prennent des centaines de formes (des rendez-vous médicaux au choix d’une éducation). La mère n’est pas légalement plus responsable que le père, mais elle l’est dans les faits, et c’est ce qui est injuste, et très commodément caché par l’argument de l’amour-rattrappe-tout.
Évidemment que l’amour d’une mère existe. Mais ce n’est pas lui qui lance les lessives.
Parlons de responsabilité parentale parce que c’est elle qu’il faut assurer à 50/50.
L’amour maternel, c’est mon problème. La responsabilité, Messieurs, c’est le vôtre.
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