Publications avec le tag Papa
Cadeau
 

Batailles choisies #419

Trois enfants, trois cadeaux: défi diplomatique et champ de mines. 🪖


 

Un samedi matin, nos deux aînés jouent aux Lego. Ils font chaud au cœur à entendre, Grand donnant des instructions à Milieu, le sous-marin passant sur le lit, sous le lit, au milieu d’un échafaudage de plans compliqués et d’histoires pas possibles. Mon mari doit aller acheter un cadeau pour l’anniversaire du fils d’une collègue. Plein de tout son amour paternel, plein de son optimisme attendrissant, il profite de son passage au magasin de jouets pour acheter à ses trois garçons qu’il adore des jouets qu’ils vont adorer: 

- Tiens, Dernier, pour toi, une petite balle de foot!

- Da!

- Tiens, Grand, pour toi, une voiture de police en Lego!

- Génial!

- Tiens, Milieu, pour toi, un hélicoptère en Lego!

- Hélicoptèr’? Et ma voiture de police?


C’est l’incident diplomatique. Milieu aussi veut une voiture de police. Non, l’hélicoptère, il n’aime pas. Non, il ne veut pas jouer avec un hélicoptère, il veut une voiture de police. Une voiture de POLICE.

Il est 11h30 du matin et, sous l’influence certainement d’un peu de fatigue et d’une petite faim, Milieu fait une crise d’envergure. Il pleure, se roule par terre, essaie de nous taper, passe son temps à demander à son frère de lui prêter sa voiture de police, pleure à chaudes larmes, hurle depuis l’escalier, ne veut rien manger, ne veut rien faire, ne veut rien tout court d’ailleurs, que pleurer. C’est, pour dire les choses rapidement, un méga caprice pour un petit Lego. 



Mon mari est complètement pris de court par cette réaction qu’il n’attendait pas. Il se fâche, trouve que nos enfants sont vraiment des mal élevés, des ingrats, des capricieux. Et puis quoi encore, je lui achète un cadeau et il me fait cette scène! Plus jamais de cadeau dans ce cas!

Et puis quoi encore, lui racheter une voiture de police pour un caprice?


Outré, il m’adresse des regards qui demandent du soutien et une grande fermeté. Je renvoie des regards attendris, patients, pleins d’empathie. Je te soutiens, oui, c’est vrai, c’est pénible… c‘est surtout, mon chéri, que je connais bien le problème! Comme je te comprends! Ça m’est arrivé un certain nombre de fois… on arrive, on a prévu un super truc, vraiment on est sûr et certain que ça va leur plaire: un super pique-nique, une super sortie, un super cadeau. Et puis arrivés au jour J, à l’instant T et au moment M, les enfants sont horribles. Attention, je dis bien: horribles. Pas: ils sont un peu fatigués et ne répondent à votre enthousiasme qu’avec un miroir mou. Pas: ils sont contents mais ils ne jouent pas autant qu’espéré. Pas: ils n’aiment pas vraiment mais disent merci tout de même. Non! Je dis bien horribles: vous avez prévu une activité peinture et ils la versent dans un pot de fleurs; vous avez prévu un pique-nique avec tous leurs en-cas préférés qu’aujourd’hui ils détestent et ils chouinent parce qu’il n’y a que des bâtonnets de concombre; vous les avez emmenés faire une sortie à leur parc préféré et ils ne font que se lancer des graviers dessus. Horribles.

Et vous êtes là, avec votre cœur brisé, votre patience à vif et votre gueule enfarinée.


Mon mari, la gueule enfarinée donc, se refuse, se refuse absolument à céder à un tel caprice, il faut être ferme. Au bout d’une bonne demi-heure de caprice, alors que tout laisser présager un déjeuner terrible et que je le vois osciller entre fermeté et faiblesse, il dit doucement:

- On ne va pas passer la matinée à ça. Et puis quoi encore, lui racheter une voiture de police pour un caprice? Si je cède, c’est la fin de tout. Ou bien on passera à autre chose.

Lui qui a oublié dans son enthousiasme d’acheter le cadeau pour l’anniversaire et doit y retourner, retourne au magasin de jouets. 

La colère passée, on se dit… juste… qu’on a mal joué. Qu’on s’est fait avoir comme un bleu. Acheter des jouets différents, quelle bêtise, mais quelle bêtise vraiment!


Céder, c’est parfois la bonne solution.

- Regarde Milieu, regarde! Papa est revenu!

- Tiens, Milieu, une voiture de police pour toi.

- Merci Papa! Vroooum.

Milieu et son frère partent dans un grand vrooum joyeux jouer avec leurs petites voitures.

Mon mari, avec malice, me dit qu’il lui a coûté cher, l’anniversaire du fils de sa collègue. 

On se regarde et on éclate de rire.

Allez, c’est cadeau.


Batailles en vrac⭣

Batailles rangées⭣

Une aide précieuse
 

Batailles choisies #236

BataillesChoisies_ligne2.png

Le regard de S.O.S. d’un père s’occupant de ses enfants, est-ce un bug ou est-ce en série sur tous les modèles? 🥺


 

“Je vais me charger des enfants, ce week-end, pour que tu puisses te reposer, ma chérie.”


Oh, mais quelle belle nouvelle!


Je me mets au bureau que mon cher et tendre occupe d’habitude. J’ai monté café crème, petite douceur aux fruits rouges et grand bonheur

Du temps à moi! 

Du temps à moi où je ne m’occupe pas des problèmes des autres! La large fenêtre s’ouvre sur un paysage de campagne, les rayons du soleil montant, par un matin encore froid, dorent le bleu des collines. Je vais pouvoir écrire un peu, c’est merveilleux. 

J’ouvre une nouvelle page de mon traitement de texte et l’intitule sobrement “Mon chef d’œuvre”. Oui car, ce matin, pendant la sieste de Dernier, pendant que les aînés regardent des dessins animés, je vais écrire un chef d’œuvre.


Ouin!

Mon mari tient dans ses bras Dernier, qui commence à s’agiter et s’énerver.  

- À quelle heure il a tété? me demande-t-il, prêt à s’éclipser dès que je lui aurai donné la réponse. 

Monsieur est souriant, détendu, confiant. C’est dimanche matin.

- À sept heures. Il n’a pas faim, il est juste fatigué, il faut l’aider à s’endormir. 

Dernier s’endort en général facilement à cette heure-ci, le bercer un peu devrait suffire. Les parasites disparaissent, je peux me mettre à mon chef d’œuvre. 

Qu’écrire sur cette page blanche?  


Oouin!

Mon mari passe sa tête par la porte:

- Tu l’as changé il y a longtemps? Sa couche est propre?

- Vérifie, mon chéri.

Dernier s’est mis à sangloter. Il a sûrement raté le train du sommeil. Courir après ce train, raccrocher les wagons, se gagne de haute lutte: pas de temps à perdre, rester sur les rails, continuer à le bercer. Il est juste fatigué, chéri.

Bien, je me lance dans mon chef d’œuvre. 


Ooouuin!

Les sanglots de Dernier sont montés en intensité: il pleure à chaudes larmes et à grands cris, malgré les câlins prodigués par son père. Je sens en bas la tension monter. La bataille se poursuit entre père et fils, la bataille se poursuit en moi pour ignorer ce problème qui n’est pas le mien et poser le premier mot sur ma page blanche. 

Ça doit être un mot puissant, fort, un mot jeté à la face du monde!


Oouiiiinnn!

Des pas pressés montent les escaliers. Mon mari passe devant la porte du bureau. Repasse dans l’autre sens. Descends. Monte. Redescends. Remonte. Il tourne Dernier dans tous les sens pour trouver la bonne position des bercements, qui ont de moins en moins de tendresse et ressemblent davantage aux cahots d’un chariot déglingué. Dernier est rouge, il hurle d’impatience. Monsieur est blanc, bouche pincée, visage en stress, les yeux furetant pour une réponse à ce grand mystère d’un bébé qui pleure. Monsieur est débordé, paniqué, il esquisse des “non” involontaires de la tête, soupire très fort.

J’essaie d’oblitérer ces cris, ces pleurs. Je les connais, il faut juste insister un peu pour l’envoyer, lui, au royaume du dodo et nous, au royaume de la paix. 

Je vais poser mes premiers mots: Oooooouuuuiiiinnnnn!


- Chéri, je lui fais faire un petit tour dehors?

- Oui, merci, je ne sais pas ce qu’il a, j’ai tout essayé.


Je me moque gentiment du père de mes enfants, avec ses regards en détresse et ses sourires crispés qui appellent à l’aide. Parfois, on ne sait pas pourquoi, passer le relais à quelqu’un d’autre suffit à gérer une crise avec laquelle on est aux prises.


Quatre minutes plus tard, la fraîcheur de l’air et la chaleur de mon cœur ayant accompli leur mission, Dernier dort dans son berceau. La panique a disparu chez tout le monde. 


Retour devant mon document de travail.

Je vais changer le titre: “Essai”.

pistolet séparateur Batailles choisies.001.jpeg

D’autres batailles ⭣

BataillesChoisies_ligne2.png
Heloise SimonPapa, bébé