Batailles choisies #429
Sortir tous les soirs faire quelques pas dans ma rue et regarder Dernier découvrir la joie des feuilles mortes. 🍂
Les platanes de ma rue ont commencé à perdre leurs feuilles. Quelques vertes s’accrochent encore aux branches, mais des tas de feuilles mortes jonchent le bitume, s’envolent dans le vent du soir et craquent sous les roues des voitures.
Déjà s’approche la fin du mois d’avril? Comme le temps passe… Déjà une année depuis le dernier automne? Et quel automne! Il y a tout juste un an, j’étais chez ma belle-mère, confinée avec mari et trois enfants, dont Dernier qui avait quatre mois tout juste. J’ai passé deux mois dehors, tous les jours, à occuper les gamins, à courir de l’un à l’autre, de la sieste de Dernier à la classe virtuelle de Grand et au goûter de Milieu. J’ai regardé la nature changer, les érables rougir, les feuilles tomber. C’était beau, c’était une chance d’être dehors, d’être au grand air. C’était aussi une période terrible, d’épuisement, d’incertitude, de compromis constants, une période sombre sous un soleil d’automne radieux.
Le mois d’avril chez moi, dans mon quartier urbanisé, n’a pas le même air de fraîcheur, de solitude, de parenthèse qu’à la campagne, mais il est doux. Il est surtout, pour Dernier, follement amusant. Dernier n’a plus aucune intention de rester à l’intérieur avec ses jouets, il n’a qu’une envie: sortir, marcher, utiliser cette station debout et ces pas qui l’amènent au bout du monde (de la rue, et même de la suivante car on n’a peur de rien). Dernier marche avec la sécurité de son âge: il a cette posture du corps que je trouve si attendrissante, la poitrine bombée et lancée en avant, les fesses en retard sur le reste du corps, les jambes jetées avec conviction. Il marche comme si on lui avait mis une tape dans le dos pour le faire démarrer et qu’il n’était pas vraiment capable de s’arrêter, allant de l’avant presque à son insu. En réalité, non, ce n’est pas à son insu, bien entendu: c’est à son su, avec tous ses efforts et avec une joie gazouillante qu’il avance ainsi, droit vers le tas de feuilles mortes qu’il a repéré! Il découvre le bruit et la sensation du craquement. Il piétine avec bonheur le tas, puis se rend compte qu’il y a un autre tas là-bas, puis un autre encore, puis un quatrième, quelle chance alors…
L’automne est une si belle saison pour les enfants…
À l’année prochaine, feuilles d’automne, pour le cadeau du bruit et de la couleur à mon Dernier quand il aura deux ans - déjà!