Batailles choisies #653
Nos enfants, miroirs déformés, convexes, concaves, déformants, amincissants, grossissants, de nous-mêmes. 🪞
Dans nos enfants, on se voit, en mieux. Je trouve Grand avec le sens de l’humour que j’aimerais avoir, avec une habileté pour les arts, le dessin, la peinture, que son père envie. Milieu est plus pugnace mais aussi bien plus cool que Mari et moi. Quant à Dernier, il n’est pas du genre à se faire marcher sur les pieds, et il est bien plus adroit, habile, sportif que son père et moi combinés. Les bons jours, Mari et moi regardons nos enfants et les trouvons vraiment réussis. Non, vraiment, nous les voyons prendre notre potentiel, et le faire éclore, le grandir, le mûrir. Ils nous étonnent, même! Les voir nous améliorer, Mari et moi, me fait tellement plaisir, me donne l’impression que, dans le monde, sont entrées tout de même, malgré les difficultés, les angoisses, de belles personnes, de celles qui ont un impact positif.
Le seul souci, c’est qu’il y a aussi, parfois même surtout, avec les enfants, les mauvais jours.
Il y a d’abord nos petits défauts, mais en pire. Milieu est taiseux et ne dit pas jamais ce qui lui arrive. Dernier est têtu et ne lâche pas une affaire à laquelle il tient. Grand fait un bruit d’éléphant, claquant les portes, tirant la chasse avec le même débit d’eau torrentielle que le fleuve lavant les écuries d’Augias, posant chaque pas avec une délicatesse pachydermique.
Et puis, il y a surtout les gros défauts, les parties qu’on n’aime pas de soi-même associées à celles qu’on n’aime pas de notre partenaire de vie, pour créer un cocktail de dépit et de frustration détonnant. Grand l’empoté, Milieu l’égoïste, Dernier le désagréable.
C’est le plus évident avec notre aîné, parce que c’est celui qui a la personnalité la plus affirmée, bien sûr. Il va sur ses neuf ans, il est une petite personne avec son bagage, ses qualités et ses défauts définissables même s’ils ne sont pas définitifs. Grand, au lieu de regarder le jus que tu as renversé se répandre sur le comptoir sans rien faire, tu peux peut-être prendre du sopalin, hein? Comment ça, tu ne trouves pas ton pantalon? Mais tu as vraiment cherché? Comment ça, tu as eu un jaune dans ton évaluation d’espagnol? Non mais quand on ne sait pas, on ne se contente pas du médiocre, on essaie, on travaille, on apprend le sens de l’effort.
Qu’est-ce qu’il m’énerve quand il est comme ça!
En même temps, les chiens ne font pas des chats.
Il faut bien se regarder dans le miroir - autocritique.
Il faut bien aussi savoir détourner le regard - empathie, douceur, compassion.
Allez, parfois, on fait seulement ce qu’on peut, et ce n’est pas si mal.