Batailles choisies #383
Pourquoi détester tous les hommes de la planète? Lecture de Moi les hommes, je les déteste, avec une contre-ode à quelques Jean pénibles, égoïstes ou inintéressants, croisés sur ma route depuis que je suis mère, en clin d’oeil à Pauline Harmange. 🚮
Moi, les hommes, je les déteste répond à la question: les hommes sont-ils vraiment “all trash”?
La réponse est (roulement de tambour): oui.
Ne vous offusquez pas, Messieurs!
Les hommes sont tous à mettre à la poubelle, mais par degrés, certains d’entre vous méritant d’être tout au fond quand d’autres sont sur le dessus (mais tout de même dans la poubelle).
Dans cet essai, l’autrice regarde en face une contradiction apparente: alors, comme ça, on déteste tous les hommes? Alors qu’on a un mari (cas de l’autrice, mon cas aussi), des enfants de sexe masculin (mon cas), un père, frère, voisin, collègue, ami, etc?
N’est-ce pas là une preuve de summum d’hypocrisie?
Non, car c’est davantage à une hygiène de vie misandre qu’appelle l’autrice: autrement dit, ça sert à quelque chose de mettre tous les hommes dans le même panier (de la poubelle), y compris ceux avec lesquels on vit, qui font partie de notre existence et, comble d’une misandrie incohérente, qu’on aime. À quoi donc?
À se/nous/leur rappeler que non, ce n’est pas dans notre tête, ce manque de considération pour ce qu’on dit, qu’on ne nous demande pas notre avis alors qu’on en a un, qu’on se retrouve systématiquement avec les tâches de boulot ingrates, qu’il y a bien une violence autour de nous que toutes les femmes connaissent et qui sont le résultat quotidien des actions des hommes envers nous.
À se/nous/leur rappeler que tout homme violente, objectifie, exploite les femmes autour de lui, consciemment, ou mollement en se disant féministe - les quelques chiffres donnés dans l’ouvrage sont édifiants et incontestables.
À se/nous/leur rappeler que le féminisme est nécessaire à ce que les femmes jouissent d’une vie juste, et que la misandrie est une étape sur le chemin de la révolution.
À se/nous/leur rappeler que nous avons autour de nous beaucoup de femmes plus intéressantes, plus aimables, plus chouettes qu’eux.
La misandrie, d’après cet essai bref et lumineux, est nécessaire autant contre les hommes que pour les femmes.
Je me suis rendue compte en lisant ce livre que, quand j’étais plus jeune, en soirée ou en milieu professionnel, je cherchais à parler plutôt avec des hommes - quoique avec le recul, il faudrait l’analyser comme: je cherchais à me faire remarquer des hommes présents dans la pièce.
Je me rends donc compte en lisant cet essai que je suis sur la bonne pente misandre: en effet, parler avec des hommes ne m’intéresse plus beaucoup.
Il y a peu, à un barbecue entre collègues, je fais la connaissance d’un jeune collègue dynamique, qui parle fort et a des idées arrêtées sur tout. Une des premières choses qu’il me dit prend la forme d’un conseil qu’il me donne sur mes enfants (il n’en a pas).
Rappel: ouais, les mecs ça vaut pas grand chose. Et peut-être que j’aurais fait l’effort, il y a quelques années, de lui faire la conversation, parce que c’est poli et que j’ai été élevée comme une fille, sauf que non: plus envie de faire semblant que son avis m’intéresse.
Ciao, je vais plutôt aller parler à cette collègue que je ne connais pas assez bien, à celle-ci qui était en congé mat, à celle-là qui n’ose parler à personne dans son coin.
La misandrie n’empêche pas de relationner avec les hommes (la conclusion du livre n’étant pas de s’isoler du monde dans des communautés de femmes), mais elle nous empêche de croire que relationner avec les hommes nous apporte davantage, nous emplit plus que de travailler aux relations multiples (amicales, amoureuses, familiales, professionnelles ou autres) avec les femmes autour de nous, celles qu’on a appris à ne pas regarder, à laisser dans leur invisibilité de femmes dans un monde patriarcal.
Soyons misandre, libérons-nous, jetons à la poubelle, disons ciao
À Jean-Ilfaut, qui donne des conseils sur l’éducation des enfants, du haut de ses 26 ans et de ses 0 enfant,
À Jean-Ouin, le quinqua qui trouve qu’on ne peut plus rien dire mais qui soliloque en réunion
À Jean-Chouine, le ventripotent à l'hygiène douteuse qui se plaint que les femmes de son âge ne sont plus baisables
À Jean-Chut, qui parle super fort à la terrasse du café et joue ostensiblement le rôle du bon père auprès de ses gosses
À Jean-Place, qui va chercher son enfant à la crèche et bloque trois places de stationnement
À Jean-Bonheur, le gynéco qui me dit qu’il faut être heureuse avec son bébé parce que c’est le plus beau moment de la vie pour une femme
À Jean-Sais, qui m’explique comment il faut écrire mon blog, que ce serait mieux avec plus de ci et moins de ça, que c’est sympa d’écrire sur les enfants, mais tu écris sur d’autres choses à part ça
À Jean-Faux, qui a manoeuvré autour de mes impossibilités horaires de maman pour se donner le beau rôle dans un projet de boulot où il n’avait rien fait et où j’avais tout fait
À Jean-Dérange, qui vient me demander à quelle heure on mange alors que je suis ostensiblement occupée*
À Jean-Tâche, qui s’essuie consciencieusement les mains sur son t-shirt alors que je passe mon temps à lui répéter que ça va me faire faire plus de lessives*
À Jean-Veut-Pas, qui ne veut jamais manger ce que j’ai cuisiné*
À Jean-Tête, qui se réveille de sa sieste alors qu’il devait dormir encore 45 minutes*
À vous tous,
Ciao!
(*Misandrie régulière non-garantie, sauf dimanche et jours fériés, lorsque je travaille et que ces Messieurs épousé ou fabriqués viennent m’interrompre et ne rangent pas leurs chaussures, ou lors du passage de Jupiter en Poissons)