Retour à la crèche
Batailles choisies #174
En deux mots:
Retour de Petit à la crèche aujourd’hui. Champagne ou culpabilité?
Aujourd’hui, et contre l’avis médical, Petit est retourné à la crèche. Il y a mis le pied pour la dernière fois le 13 mars dernier. Et puis coronavirus, confinement, déconfinement par étapes, dix mois ont passé.
La crèche a rouvert il y a peu, avec protocoles très stricts et petits groupes d’enfants. On remet Petit, ou non?
L’avis du corps médical (médecins traitants, comme médecins amis de la famille) est net: comme je suis enceinte, il vaut mieux ne pas exposer les enfants, et donc leur maman, aux risques liés au coronavirus. On ne sait pas grand chose sur le virus et les femmes enceintes, alors il ne faudrait pas qu’il te ramène le truc à la maison. Et puis le remettre maintenant, alors que j’ai tenu tout ce temps!
C’est vrai que j’ai tenu. Dix mois.
Dix mois ont passé avec Petit toute la journée à la maison, avec un terrible two dans une année terrible.
Et je n’ai plus envie de tenir. J’en ai marre de tenir, tenir la matinée, tenir la journée, la soirée, la semaine, le week-end.
J’ai cette épée au-dessus de la tête, que je ne devrais pas, que je devrais éviter tous les risques, que je ne peux pas mettre mon confort avant la santé de tous.
Sauf qu’il faut bien que je recharge mes batteries pour accueillir, dans deux mois, un autre enfant, que je revienne à un semblant de normalité, que je puisse me retrouver avec moi-même, que je puisse souffler, mettre fin à cette année chaotique, vivre et arrêter de tenir.
Petit a passé sa première matinée d'adaptation à la crèche. Cet après-midi, je lui souris. Je le trouve beau. Je lui explique pourquoi au lieu d’éructer les “NON” que je lui ai lancés toute l’année.
Alors oui, j’en ai besoin de ce retour, de ces matinées sans aucun enfant à ma charge, de temps et d’espace pour moi, et je le paie avec la peur d’une mauvaise décision dans un sombre coin de ma tête, avec l’espoir égoïste que ça n’arrive qu’aux autres.