Au dodo les petits
Batailles choisies #227
J’ai trouvé la méthode miracle pour que ses enfants dorment paisiblement la nuit: ne pas avoir d’enfants. Au fait: des pratiquants de la cure “Au dodo les petits” par ici? 🤔
Encore une nuit pourrie.
Milieu a refusé de s’endormir seul. Comme d’habitude, il a fallu s'asseoir sur son lit après une crise. En pleine nuit, j’ai entendu plusieurs “Papa!” et à 6h30, il est tombé du lit avec un grand sourire. C’est ainsi toutes les nuits, en dépit de nos efforts pour intégrer lecture et douces comptines au rituel du dodo, ainsi font font font, les petites marionnettes...
Pour son frère aîné, ça a été du pareil au même. Grand n’a dormi seul et d’un sommeil sans trouble qu’à trois ans bien tassés.
Il faut donc que je me le dise: avec mes deux premiers, j’ai raté un truc, pour le sommeil.
Je suis décidée à ne pas reproduire mes erreurs pour Dernier. Je dois absolument trouver quelque chose. Un quelque chose, justement, se présente à moi sous la forme d’un livre que revend une voisine: Au dodo les petits, d’Anna Wahlgren.
La méthode, présentée comme révolutionnaire et controversée, me fait envie: on y parle du plaisir de dormir, du plaisir de profiter de la vie, de bébés heureux, de bébés dormant de tout leur saoul et même plus, d’enfants bourrés de sommeil et de parents rassasiés de contentement. C’est un livre plein de métaphores sur le sommeil, qui me semble empli de sagesse d’antan et de bon sens.
Comme j’éprouve aussi une certaine défiance envers le corps médical, je dois avouer que j’ai envie, très envie que “la cure” fonctionne, que cette femme, une Suédoise mère de huit enfants, désormais âgée mais jeune femme lors de la mise au point de sa méthode, une femme que j’imagine vivant dans une cabane en rondins en bordure de forêt enneigée, révolutionnant la pédiatrie par son seul esprit d’observation, que cette femme existe bel et bien et ait raison. C’est une image de femme puissante qui me séduit terriblement, une aventurière, une nourricière, une Pachamama, une femme qui envoie valdinguer le patriarcat et replace la féminité au centre du monde.
J’ai le défaut de me lancer tête en avant dans des projets et de m’acharner à les mener à bien, ou de mon mieux, arrivant cahin-caha au but fixé, sans vraiment avoir pris de recul. Allez, hop, on y va, on verra bien en chemin! Ce faisant, j’ignore superbement les objections timidement avancées de mon mari attendri, des proches qui me disent de me renseigner quand même, ou de mon propre bon sens que j’emmaillotte avec autorité.
À partir bille en tête, il m’arrive de finir le cul dans les orties.
Je me sens devenir une convertie de la cure à la lecture des premiers chapitres, mais bute sur celui de la mise en place pratique. Face à la difficulté de la méthode, à sa rigueur, peut-être aussi parce que mon bon sens a réussi à sortir un doigt de son emmaillotage pour me poker, eh, psst, tu vas quand même pas prendre ça pour argent comptant, je me résous à exercer un peu d’esprit critique et à aller faire un tour sur Internet.
Ma moisson:
Une vidéo de démonstration où on retourne le bébé comme une crêpe et on lui tapote les fesses en exerçant une pression au niveau du cou. Pourquoi pas, mais...
Une interview de télévision suédoise dont le titre indique “Anna Walgrehn” et le mot “katastrof”. Je ne lis pas le suédois, mais je crois comprendre l’idée.
Deux témoignages de mamans québécoises dont la cure a changé la vie et qui ont maintenant des bébés heureux.
La lettre d’une mère qui s’excuse auprès de sa fille pour lui avoir infligé cette méthode.
Une interview d’une des filles de la dame disant qu’elle avait eu, en fait, une enfance très malheureuse.
Bon. Mes grands projets de sommeil paisible?
Trois p’tits tours et puis s’en vont?
Restent les somnifères.
Ou la patience: encore trois ans pour des nuits complètes, ou bien vingt pour des enfants partis de la maison.