Le clap de fin
Batailles choisies #368
Avoir des enfants, c’est passer la matinée à se disputer et ne se rappeler que la jolie vidéo qu’on a prise à midi. 🚴♀️
Samedi matin. On sort faire du vélo avec les enfants.
Enfin… “on sort”...
On a largement dépassé la durée d’activités tranquilles. Observation empirique, Grand et Milieu ne s’occupent mignonnement que pendant 1h30, heure de péremption à partir de laquelle ils deviennent Caïn et Abel - Grand lâche cette brochette, Milieu on ne jette pas des boules de pétanque sur son frère, même quand on est fâché, Grand mais où est le problème? Lâche-le, non Milieu la tronçonneuse, c’est à Papa!
Les disputes, en ce samedi matin ensoleillé, loin sous l’azur d’un bleu clair et profond comme la région centrale du Chili les fait, alors que l’air encore frais du matin, la brise délicieuse de la vallée caressant les feuilles des arbres du jardin, nous susurre qu’il faut sortir maintenant sinon elle va se transformer en dragon de chaleur, les disputes, donc, volent comme les emmerdes: en escadrille.
Grand se dispute avec Milieu.
Milieu se dispute avec Maman.
Maman s’engueule avec Papa
Papa bisbille avec Grand.
Grand se bat avec Maman.
Maman se fâche avec Milieu.
Seul Dernier, qui ne sait pas encore se disputer, reste zen.
Bon, cinq personnes habillées, chaussées, casquées.
Sous les casques, les grimaces, les récriminations, les exaspérations.
Allez, il faut insister, c’est le début qui est galère…
Effectivement, au premier coup de pédale, l’air frais, le but qui met des oeillères, le simple fait d’être dehors à faire quelque chose au lieu de tourner en rond à ne rien faire assèche les conflits. Tout le monde sourit.
Au square du quartier, il y a un arc avec trois balançoires: une jaune pour un enfant grand, une vertes pour un enfant moyen et une rouge pour un enfant petit.
Mais ça tombe bien! Nous avons justement ici trois enfants, un grand, un moyen et un petit!
On dégaine les téléphones: la vidéo immortalise le grincement des chaînes, le vent dans les feuilles, le roulis des voitures sur la route au loin mais surtout les superbes rires, les trois rires en cascade, qui s’éclaboussent les uns les autres, en montant, en descendant, rires des trois enfants qui ont laissé leurs vêtements détestables à la maison et ont revêtu leurs capes d’adorabilité.
C’est trop choupi.
La mémoire parentale est la seule où s’auto-détruisent les mauvais souvenirs, remplacés par cette vidéo trop mignonne, tu te rappelles, on se dira dans quelques années, oh, ils ont quel âge là-dessus, écoute, écoute comme ils rient! C’est vrai, on sortait très souvent faire du vélo, c’était une de leurs sorties préférées et puis une sortie vraiment facile, qui faisait plaisir à tout le monde!