Encore 15h10?
Batailles choisies #102
En deux mots:
Depuis quelques jours, je ne suis plus seule avec les enfants. J’ai de l’aide. Et je redécouvre un peu de tranquillité. En même temps que je redécouvre, bizarrement, l’ennui.
Ma sœur est à la maison quelques jours. C’est la première personne qui entre dans notre monde de Papa, Maman, Grand et Petit depuis cinq mois de confinement.
Grand soupir de soulagement.
Ma sœur m’aide beaucoup, joue, lit, chante avec les enfants, prend la relève avec Petit ou avec Grand.
Je passe donc d’heures entières seule avec (dire “contre” serait plus exact) mes enfants, à des journées à deux ou trois adultes pour deux enfants - un bien meilleur ratio.
Je redécouvre que je peux avoir quelques minutes à moi. Lire un bout de livre pendant que l’un dort et que l’autre dessine avec Tata. Cuisiner sans entendre des disputes que je dois me dépêcher d’arrêter en me dépêchant de laisser en plan les cuillères pleines de sauces. Lire une seule fois, au lieu de quatorze, leur Tchoupi préféré.
Mais je passe quand même mes journées avec les enfants, malgré ces quelques minutes pour moi.
La différence, c’est que je ne passe pas mes journées à éteindre des feux.
La différence, c’est qu’au lieu de la frustration constante, je redécouvre l’ennui.
15h10? Oh la la, mais qu’est-ce que c’est long. J’ai regardé il y a une demi heure et il était aussi 15h10.
C’est l’ennui. Les journées interminables qui me rappellent les journées traînantes quand je n’avais qu’un enfant - je dois me résoudre à préférer le chaos de deux petits monstres au tête-à-tête avec le dans-combien-de-temps-ça-s’arrête?
Je redécouvre que ces journées où on court moins sont aussi ces journées où on ne fait vraiment rien, douceur d’un dimanche, mais lenteur d’un autre jour sans perspective que le même lendemain.
Je râle, je râle, mais ne nous méprenons pas: je préfère qu’on s’ennuie à deux plutôt que je me tire les cheveux à une.