Le port du masque est obligatoire
Batailles choisies #103
En deux mots:
Heureuse de voir mes enfants dehors. Le cœur pincé de les voir porter un masque. Je suis la seule?
Aujourd’hui, c’est notre première sortie depuis des mois. Et comme annoncé, comme évidemment, clair comme de l’eau de roche, nous sortons faire un tour de trottinette.
Il fait un temps magnifique, suffisamment froid pour que l’air vif nous pince les joues, suffisamment chaud pour qu’on ne se charge pas de pulls encombrants.
Les enfants sont aux anges de retrouver leur trottinette… ma trottinette! Depuis des mois qu’elle est en déshérence dans l’entrée, couchée sur son flanc l’air abandonnée.
Je regarde les petits swinguer et valser sur leurs bolides. Ils sont si contents, je le suis tout autant.
J’ai mon masque.
Grand en porte un en tissu prêté par ma sœur, d’un beau bleu brillant avec un dessin de poisson. Il est un peu trop grand pour lui mais l’important c’est qu’il prenne l’habitude de porter un masque puisque c’est notre nouveau monde.
Petit porte un masque jetable, attaché avec un simple noeud à l’arrière du crâne avec ses ficelles cassées puis rabibochées. Ce n’est pas le masque le plus efficace mais l’important c’est qu’il prenne l’habitude d’en porter un puisque c’est notre nouveau monde.
Comme le masque de Petit est bien trop grand, il bouge, lui mange la moitié de la figure, remonte sur ses beaux yeux chocolat aux longs cils soyeux.
Et au milieu de tant de douceur de vivre, de joie d’enfant, j’ai le cœur qui se serre de voir mon fils, deux ans, porter un masque.
C’est tellement triste que le beau sourire et les mots maladroits criés à plein poumons d’un enfant soient emprisonnés dans un bout de tissu. Ça me fait de la peine que son monde ait perdu l’insouciance, que l’on s’amuse au milieu des menaces.
Une enfance à couvert, qui teinte notre insouciance d’un avenir assombri.