Un grand monde dans une petite tête
Batailles choisies #129
En deux mots:
Tendez l’oreille! Un enfant de 4 ans qui parle tout seul a plein de choses à dire…
-Qu’est-ce que tu dis, Grand?
…
-Grand? Tu me dis quelque chose?
-Mais, enfin, Maman, non! Je ne te parle pas à toi: je joue à être Sam le Pompier.
-Ah, pardon, je t’entendais parler alors j’ai cru...
Dans sa tête, Grand a tout un monde bigarré qui se manifeste lorsqu’il se parle à lui-même à haute voix.
Je l’entends dire, “Allons-y! Il ne faut surtout pas rater le train!”, suivi de “je suis tout à fait d’accord” et puis un “no quiero!” retentissant. Ce discours proféré dans son coin mélange des répliques de son dessin animé préféré, un tic de langage de sa maman (en français donc) et l’espagnol de papa et du pays dans lequel il vit.
C’est beau d’entendre ça, c’est comme si j’écoutais une symphonie depuis l’extérieur d’une salle de concert. Une fenêtre sur mon grand bonhomme.
Là ce serait une symphonie cacophonique, faite de bric et de broc, de notes éparses, mais j’aime le son feutré d’un monde qui n’est pas le mien et me parvient doucement, par vagues.
J’aime aussi que ce monde lui permette de jouer seul pendant longtemps: c’est son dedans qui ressort, et qui lui permet d’être autonome, pour faire des courses de petites voitures ou décider de reboucher un trou avec de la terre, sans demander à personne d’autre que lui-même.
Il y a tellement de monde dans cette tête qu’il n’a, pendant de brefs instants, plus besoin de personne.