Confinement - Jour 16

 

Batailles choisies #20

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En deux mots: D’autres mamans ont l’impression de perdre beaucoup plus patience avec le deuxième qu’avec le premier?

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Je me sens coupable d’avoir tellement moins de patience pour mon deuxième enfant. Pour mon premier, j’expliquais tout, cherchais des moyens de contourner ses crises pour lui faire comprendre comment agir au mieux, favorisais, au prix d’une grande abnégation, son autonomie pour l’encourager à apprendre, à faire par lui-même, quitte à salir, quitte à casser

Le deuxième, je crie “NON” tout le temps.

Voilà. 

Ce matin encore, Petit sort deux assiettes du placard, qu’il tient périlleusement dans ses petits doigts glissants et les pose, sous mon regard épuisé et inquiet, sur la table. 

Puis il s’approche du meuble pour rebelotte avec des verres - vous savez, des verres en verre qui cassent et laissent des bouts de verre partout.

« Je m’entends crier “NON, BORDEL”. »

Surpris par ma soudaine voix de stentor, il se cache derrière une chaise, apeuré.

Culpabilité.

Culpabilité immense.


Je sais que mes deux enfants ont eu, au même âge, les mêmes phases, les mêmes passions de touche-à-tout. Et je sais que je ne trouve pas avec Petit les trésors de patience déployés avec Grand. Ma douceur touche bien plus vite le fond. Par exemple, les deux ont eu une fascination pour la cafetière. Ils ont adoré la remplir d’eau, l’ouvrir, placer la capsule, appuyer sur le bouton et se délecter du vrombissement soudain. 

Sauf que j’ai passé des mois entiers à soutenir Grand dans cette découverte, pour l’aider à assurer ses gestes, alors que je perds patience une fois sur deux avec Petit.

Est-ce que je suis la seule ?

« je dois réapprendre à être mère, maman de deux enfants »

J’essaie de mitiger rapidement mon impression première d’être une moins bonne mère pour le deuxième, en regardant bien en face une réalité que n’avoir qu’un enfant peut masquer : je dois réapprendre à être mère, à être maman de deux enfants. 

Les enfants, ça rend modeste, ai-je lu dans un des bouquins de Faber et Mazlich pilier de mon éducation. 

Un enfant, ça rend modeste.

Deux enfants, ça rend vraiment modeste.

Parce qu’avec mon premier, j’avais, malgré tout, le sentiment d’y arriver plutôt bien, et j’avais donc le luxe de regarder encore un peu de haut les autres parents. 

Je suis poussé plus à bout, et dois, avec mon deuxième, connaître davantage mes propres faiblesses, exacerbées par le confinement.

Disons que c’est, dans le monde qui nous entoure, un aspect positif ? 

 
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