Confinement - Jour 24
Batailles choisies #28
En deux mots: j’envisage de mettre le numéro de la crèche sur liste noire jusqu’à la fin du confinement. J’en suis au point où je préfèrerais prendre un appel de Cofidis.
Ce matin, appel de l’assistante maternelle de la crèche de Petit :
Elle : Je voulais prendre de vos nouvelles !
Moi : Oh, comme c’est gentil…
Elle : Et je voulais aussi savoir comment votre fils réussissait les activités qu’on vous a envoyées ?
Moi : Ah.
Je lui dis la vérité, rien que la vérité ? Oh, non, elle va être tellement déçue, elle qui a préparé avec application tout le matériel pour qu’on puisse faire les activités prévues!
Des petits sachets numérotés en fonction de la semaine, dans lesquels on trouve, ici, des paillettes pour décorer, là, une boîte en carton recyclé ; ici des feuilles cartonnées en forme de cercles, à coller sur, là-bas, une page joliment décorée ; et ainsi pour tous les jours de la semaine, du mois, de ce qui me semble être de l’année quand, dépitée et découragée d’avance, j’ouvre les petits sacs qui sont censés être des outils de développement pédagogiques, mais qui sont pour moi des instruments d’un châtiment sardonique.
Mais qu’est-ce que je lui dis, alors ? Que c’est impossible de faire les activités avec Petit? Je vais passer pour une de ces mères débordées…. et je ne suis pas une de ces mères, enfin si, un peu quand même, mais c’est pas de ma faute, il ne veut vraiment pas faire les activités !
Il fallait découper des triangles dans une feuille rose et les coller aux emplacements prévus sur une assiette en carton. Petit a découpé l’assiette, mangé les triangles et collé mon bras.
Il fallait coller des plumes colorées sur une bandelette de papier pour faire une coiffe d’indien. La bandelette est pleine de feutres et Petit a planté les plumes dans le pot du ficus.
Il fallait mettre des petits balles en mousse dans un tube en carton, et Petit a mis les balles dans le lavabo, les a mouillées jusqu’à plus soif, a pressé toute l’eau aux quatre coins de la maison et utilisé le tube pour taper son grand frère.
Conclusion : les sachets d’activités sont à peu près intouchés, rangés bien en hauteur dans un placard inaccessible d’une chambre où l’on se rend peu.
Elle : Madame ?
Moi : Pardon, ça avait… euh... coupé. Oui, les activités, on s’en sort pas trop mal. Enfin, on ne les a pas toutes faites. Surtout parce que son grand frère veut les faire à sa place !
Vous avez remarqué comme le royaume de la mauvaise mère n’est jamais sujet au confinement ? Ses frontières sont toujours ouvertes, dans un bel esprit humaniste, sans doute. J’entends Médée en Enfer me faire un petit espace confortable sur son canapé. Si on ne me demande plus de coller des carrés sur une ligne, je réserve ma place.