Sous la douche
Batailles choisies #344
La vie sexuelle d’une maman de trois enfants, ou comment prendre les choses en main. 🐚
J’en peux plus de ces chaussettes, là! Chaussettes orphelines? Célibataires? Solitaires?
Elles traînent sur la commode de la chambre pendant des semaines jusqu’à ce qu’apparaisse la jumelle, l’orpheline, célibataire ou solitaire, je ne sais plus comment on dit.
Il faudrait que je fasse le fond des placards des enfants et…
Chéri?
Ah, Chéri, ça va, ça a été le travail?
Oui, les garçons sont dans le jardin avec Mamie. Ils vont être super contents que tu sois déjà rentré!
Dans ce cas, je vais me doucher, ok?
Super, je fais vite alors.
Ouf, quelle chance, j’ai encore cru que j’allais passer sous la douche à 22 heures, au lieu de ça, non, je peux me doucher maintenant, c’est un peu tôt, mais peu importe. Pour une fois que je suis tranquille, que les enfants ne sont pas mon problème, quel luxe!
L’eau est bien chaude!
Donc les chaussettes…
Les placards, j’ai déjà vérifié une fois, derrière la machine à laver…
Mais… pourquoi tu penses à des chaussettes? Il n’y a pas mieux à faire, quand même?
Eau chaude, temps libre et… les picotements…
Est-ce que…
Quel calme!
C’est une douce plénitude qui m’envahit, j’ai l’impression que tout mon corps s’ouvre aux sensations que d’habitude je ne vois que comme des pertes de mon temps - vite une douche, vite travailler après. Les gouttes qui me caressent, le bruit de la cascade qui tapote contre le fond de la baignoire, la vapeur chaude qui s’engouffre dans mes narines. Dans ces sensations, je retrouve mon corps. Je me rappelle que j’ai un corps. Un corps qui vit, qui a envie qu’on s’occupe de lui, d’elle.
Mais, ça va prendre du temps… peut-être que je devrais me dépêcher et aider avec les enfants?
Ou peut-être que…
Non.
Moi.
Du temps pour moi.
Du calme pour moi.
Mon corps à moi.
Ça me picote… je connais bien ce fourmillement délicieux qui me susurre de doux encouragements.
Qu’il faut que je m’écoute. J’en ai envie...
Rapide, efficace.
Le jet du pommeau, un amant qui s’y connaît.
Le fond de la baignoire est froid - c’est un petit prix à payer pour une grande joie.
Clic. Le jet du pommeau passe de la caresse au titillement.
Des baisers sur les lèvres, sur l’élastique du rose charnu, le rose qui s’est ouvert pour mes trois bébés, qui a mûri et n’a plus honte, l’eau qui m’inonde en mon centre, que je dirige, plus haut, plus bas, plus près, plus chaud, plus chaud, plus chaud.
Clic. Le titillement s’accélère.
Depuis mon bas-ventre, la chaleur rayonne, s’étend, monte et envahit mon dos.
Fermer les yeux ou les ouvrir ne change rien. Je ne vois rien mais je sens tout.
Ça palpite.
Ça papillonne.
Ça bat la chamade.
Oh!
Ô!
Quel luxe, quel calme, quelle volupté!
J’ai abandonné les autres pour m’abandonner, c’était doux.
C’était un temps pour moi.
Peau détendue, sourire discret. L’eau se tait mais le carrelage bourdonne toujours.
La serviette chatouille mon corps encore sensible.
S’habiller.
Revenir au monde des autres, de leurs besoins, de leurs désirs.
Il faut vraiment que je range ces chaussettes.
Chaussettes orphelines.
C’est vrai. C’est un bon moyen pour se rappeler.
Les chaussettes sont orphelines mais les plaisirs sont solitaires.