Confinement - Jour 35
Batailles choisies #39
En deux mots:
Je pleure à chaudes larmes, à quatre pattes sur la terrasse en tentant d’éponger de la peinture verte. Dites-moi que ça vous arrive aussi, s’il vous plaît!
La dernière goutte d’eau, avec les enfants, finit toujours par tomber… mais quand ? comment la prédire ?
Ploc, ce matin, une couche mouillée a réveillé Petit à 06h01.
Ploc, je sais que mon mari a travaillé tard dans la nuit, j’essaie de le laisser dormir un peu en m’occupant d’occuper les enfants.
Ploc, ah, Grand se réveille vraiment tôt aujourd’hui, mince, 07h.
Les enfants veulent amener le petit-déjeuner à Papa, c’est mignon, sauf que ploc, ploc, ploc, des gouttes du café à demi renversé sur le chemin qu’il faut nettoyer.
Ploc, Petit croit qu’on joue à chat alors que je veux juste lui mettre un t-shirt et que Grand m’attend dans l’entrée pour sortir faire de la trottinette.
Ouf, allez, les enfants, on est prêts, on sort!
Je suis déjà dehors avec Petit, retourne voir ce que fabrique Grand qui n’avait plus que ses chaussures à mettre. - Ben, alors, qu’est-ce qui se passe ? - Je ne veux PAS faire de la trottinette.
Je le gronde vertement et pars faire un tour avec le cadet.
Après une dizaine de minutes de promenade, Petit trébuche, tombe le nez sur le trottoir, se fait mal ou peur ou les deux, pleure. Ploc. Rien n’arrive à calmer ses pleurs.
Retour à la maison, Petit dans un bras, ploc, trottinette dans l’autre, ploc.
Je sais qu’il est fatigué et qu’il ne tiendra pas jusqu’au déjeuner, donc d’accord, toute petite sieste ce matin, toute petite pour préserver sa longue sieste habituelle d’après-midi.
Je vais en profiter pour tenter l’activité de peinture avec Grand, ça fait des jours que j’essaie, la maîtresse est tellement douée en arts plastiques, je veux vraiment qu’il apprenne d’elle.
Il s’en sort plutôt bien, travaille tout seul. Mon vase se vide un peu, un tout petit peu.
Ploc, c’est l’heure. Petit a un très mauvais réveil, ploc, ploc, pleure, pleure, pleure, ploc, ploc.
Il finit par se calmer, puis avise les pots de peinture que Grand vient de délaisser. Je le laisse dehors, deux minutes, pas plus en m’activant pour que Grand se lave les mains, pour ranger la matière dangereuse et trouver le bon endroit où laisser sécher son travail.
Retour sur la terrasse.
Petit est en train de se peindre les doigts, les bras, le ventre avec de la peinture verte, qui m’avait échappée dans mon rangement. Ploc.
Il en a badigeonné sur le banc et dans ses cheveux et est en train d’en étaler sur la terrasse. Ploc.
Non, non, il va falloir lui donner une douche, on monte, vite.
Sauf que, certainement pour lui aussi, les gouttes s’accumulent, alors il se débat, ploc, me met de la peinture dans les cheveux, ploc, le cou, ploc, les vêtements, ploc, il pleure et hurle pendant que j’attends l’eau chaude, continue pendant que je frotte les parties vertes de son corps puis quand je l’habille. Ploc.
On redescend, je le mets avec son frère devant un dessin animé idiot, ploc. Ouf, il se calme un peu, à peine.
Je vais chercher des produits de nettoyage dans la cuisine, vois les ingrédients que j’avais sortis pour préparer le déjeuner, ploc, essaie d’oublier que je dois préparer le déjeuner, ploc et me mets à quatre pattes sur la terrasse, essayant d’éponger la peinture, mais finissant par l’étaler encore plus.
Ploc.
Ça y est, la dernière goutte donne le signal, l’écluse s’ouvre, de grosses larmes coulent sur mes joues.
Je ne vais pas y arriver aujourd’hui, c’est trop.
C’est idiot de pleurer parce que je n’arrive pas à enlever des taches de peinture, mais c’est trop, une goutte de trop, la dernière, le vase qui dégouline son eau avec ses frustrations et cette question qui sort de mes larmes : où peut-on trouver un refuge imperméable, quand il est à peine midi et qu’il en reste des heures, pour le dodo ?
Enfermée en haut à écrire ce billet.
Mon blog, ma bataille. Lisez-le, j’en ai besoin.