Et bonnes vacances!
Batailles choisies #609
Eh ben, elles commencent bien, les grandes vacances… 🤮
Profite bien, hein! Et surtout, bonnes vacances!
C’est un mot joyeux, lancé entre collègues du collège, un mot délicieux, le mot de la fin - de la fin de l’année scolaire.
C’est le premier jour des vacances et Dernier en est à sa troisième crise de la matinée alors qu’il n’est que 9 heures. Là, présentement, il se roule sur le tapis du salon parce qu’il exige des biscuits alors qu’il n’a pas pris de petit-déjeuner. Qu’il est pénible… Grand, de retour d‘un stage d’escalade, fatigué, entre dans son humeur de petit monstre qui déteste tout le monde, inatteignable dans sa bouderie. Grand ne veut donc rien manger, ni rien boire, ne va pas déjeuner, ni me dire si l’escalade s’est bien passée, ni même bouger, ni me parler. Qu’il est pénible… Milieu a décidé lui, pour détendre l’atmosphère, d’apprendre à son petit frère comment faire les meilleures bêtises sans se faire prendre, et là, ils s’y sont mis à deux pour voler un paquet de biscuits, qui poussant le tabouret contre le meuble, qui fermant la porte de la cuisine, qui montrant la meilleure cachette du bureau pour s’empiffrer des délicieuses dépouillades. Et bien sûr, quand la gronderie arrive inéluctablement, Milieu lance les pires insolences de son âge, pichenettes et langue tirée. Qu’il est pénible…
Profite bien, hein! Et surtout, bonnes vacances!
C’est le deuxième jour des vacances et j’ai vomi toute la nuit. Bon, ben, c’est pas exactement ce que j’espérais comme repos, de sentir toute l’acidité du dîner me passer dans la gorge, de voir flotter dans l’eau claire des petits bouts de différentes couleurs et me demander ce que c’est pour analyser d’où est venu le problème vomitif, encore moins de passer la deuxième journée de mes vacances à comater dans mon lit, à geindre et frissonner et me sentir nauséuse mais pas assez pour me gaver de médoc, puis à me tirer de force de mon lit pour avoir une tête potable à la réunion Zoom, que je termine, caméra éteinte, couchée sur le sol, à respirer lourdement pour arriver à la fin de cette demi-heure, de cette heure, oh, non de cette heure et demi?
Profite bien, hein! Et surtout, bonnes vacances!
C’est le troisième jour des congés d’été, je me sens mieux, ouf, je vais rattraper le train des vacances, du soleil et des nanas, même si nous avons mis bien trente-cinq minutes à être installés dans la voiture pour aller à la montagne. Qu’il est pénible d’avoir trois enfants et de les faire sortir en même temps, mais enfin, on y va. Maman, j’ai mal au cou… et j’ai mal au ventre, geint Milieu dans son siège auto. Oui, oui, bon, dis-je en balayant de la main et de l’esprit un chouinement dont Milieu est coutumier.
Maman, j’ai mal au ventr…
Vomi I
Vomi II
Vomi III
Vomi IV
Évidemment, je suis sur une route de montagne, sinueuse et étroite, impossible de m’arrêter sur le bas-côté, j’entends, impuissante, le vomi sortir de mon fils, le vomi tacher ses vêtements et sans doute ceux de ses frères de voisins, le vomi tomber sur le tapis de la voiture, le vomi vomir sur mes plans sympas d’une après-midi qui va devenir, fatalement, une après-midi nettoyage. Enfin! Un coin où s’arrêter sans danger, pas de lingettes, pas de tenue de rechange, pas de solution: demi-tour, on rentre à la maison, oui, désolée, Dernier, on ne va pas à la montagne, finalement, on ne peut pas, je sais, choupi, arrête de pleurer.
Bon, ben Papi, il va falloir occuper les garçons, Mami et moi, on a un super programme de vacances, si, si, on va nettoyer des sièges-auto!
Problème: trouver comment enlever les sièges-auto sans se salir les avant-bras.
Problème: trouver comment brancher le tuyau à la sortie d’eau de la loggia.
Problème: trouver comment sortir les partis en tissus des trois sièges-autos
Problème: ne pas appeler Mari parce qu’on est une féministe et qu’on doit apprendre à se débrouiller toute seule, même sur ces gestes hautement techniques.
Miracle! Les tapis de sol ne sont quasiment pas souillés!
Miracle! Si je tiens bien le jet d’eau, il ne part dans tous les sens!
Miracle! Si Mari ne répond pas au téléphone, il faut faire de son mieux.
Je voulais du temps libre et de l’oisiveté, j’aurai à la place des petits morceaux rosés logés dans des recoins gris, une liquide un peu visqueux qui se répand entre le plastique du dos et le plastique de l’assise, des éclats verdâtres d’on ne préfère pas savoir quoi sur les sangles. Ça part plus ou moins tout au jet d’eau.
Pendant que nous, on s’échine, là-bas, des rires fusent et les enfants, qui ont trouvé plus vite que moi comment brancher un jet d’eau, s’arrosent et s’ébrouent dans des millions de gouttelettes…
Et tes vacances?
Ben écoute, ça a commencé avec des ambitions mouillées mais ça a continué avec des enfants trempés et heureux, alors c’est plutôt un bon début.